Le gouvernement libyen menace de faire usage de la force pour rétablir l'ordre dans le secteur pétrolier, poumon économique du pays agité par des mouvements de protestation qui ont fait chuter la production de brut. Un groupe de gardes des installations pétrolières, en conflit ouvert avec le gouvernement, a décidé de saisir des navires "et d'exporter le pétrole pour leur profit personnel", a annoncé vendredi le Premier ministre libyen Ali Zeidan. En retour, M. Zeidan a menacé de bombarder tout bateau qui s'approcherait des ports pétroliers sans être lié par un contrat avec la Compagnie nationale de pétrole (NOC). Depuis plusieurs semaines, ces conflits affectent la production libyenne, tombée à 500.000 barils par jour contre 1,5 million b/j auparavant. Fin juillet, la production est même descendue jusqu'à 330.000 b/j. Les groupes de gardes ferment régulièrement des terminaux pétroliers à Brega, Zoueitina, Ras-Lanouf et Sedra (est), et empêchent les bateaux de charger leur cargaison, selon M. Zeidan. Les gardes, qui dépendent du ministère de la Défense, accusent depuis plusieurs semaines le Premier ministre et le ministre du Pétrole d'avoir commercialisé du brut de façon irrégulière. La NOC a volé au secours du gouvernement, assurant que toutes les transactions de pétrole avaient été régulières. Une commission composée de juges doit être crée "afin d'enquêter sur ces accusations", a annoncé Ali Zeidan. Mais les gardes, souvent d'ex-rebelles qui se sont illustrés dans la lutte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, n'ont pas rouvert tous les terminaux pour autant. Leur unité a été formée après la chute du régime pour sécuriser les installations pétrolières du pays, situées essentiellement dans des zones désertiques, mais les ex-rebelles n'hésitent pas à recourir aux armes pour défendre leur existence ou leurs intérêts.