«L'élection présidentielle n'est même pas inscrite dans l'agenda du FFS» ! C'est M. Ahmed Betatache, le premier secrétaire du parti, qui s'exprimait ainsi à l'occasion d'un hommage rendu à M'Barek Mahiou, assassiné il y a dix- huit ans par les terroristes intégristes à Alger. S'il s'agissait de rassurer les militants, les sympathisants et les observateurs inquiets par la nouvelle ligne qu'on prête, non sans raison d'ailleurs, au FFS, ce n'est pas très sûr que ce soit réussi. D'abord parce que tout ce beau monde doit bien douter que ce soit vraiment dans «l'agenda» que se déterminent les choix politiques de ce parti comme de tous les autres d'ailleurs. Ensuite, parce que dans le discours «tendance» du FFS comme sur le terrain des opérations, les «inquiets» ne perçoivent pas grand-chose qui puisse être le prolongement naturel et logique de cette «déclaration de Tizi Ouzou» qui a mis plus de brouillard que de clarté dans la ligne politique du parti. Enfin parce que la «surprise» est telle qu'on se dit que finalement, le premier secrétaire du FFS a dû puiser dans cette bonne vieille formule : plus c'est gros, plus ça a de chances de passer. Parce que, dans l'absolu, c'est tout de même invraisemblable qu'un parti aussi important, en dépit de ses turbulences organiques et de sa crise de leadership, puisse ne pas être intéressé par une élection présidentielle. Bien sûr, les agendas ont ceci de commode : on peut les changer quand on veut, ils sont aussi faits pour ça. Sauf qu'à moins d'un semestre d'une échéance aussi cruciale, ce n'est pas bien rassurant qu'un parti se mette au-dessus de la mêlée. Pas plus rassurant d'ailleurs que d'avoir, le cas échéant, à «caler» ce rendez-vous dans un coin de page de l'agenda, manifestement bien rempli ! Surtout qu'en termes d'agenda, MM. Betatache et Laskri, qui se sont relayés au micro à l'occasion, ne nous ont pas bien renseignés. En la matière, ils nous ont seulement rappelé «l'attachement du FFS à un dialogue et un consensus national avec toutes les sensibilités et les tendances politiques pour déboucher sur une solution globale et pacifique à la crise que traverse le pays» ! On le savait. Mais puisque les deux responsables du FFS n'ont pas trouvé d'inconvénient à déborder sur l'instant de l'hommage et du recueillement, on pouvait donc attendre qu'ils disent comment s'y prendre. Avec une feuille de route, ses acteurs et ses… échéances, puisqu'il faut bien rester dans l'agenda ! Et comme dans un discours politique, on ne s'adresse pas qu'aux «inquiets», mais aussi à ceux qui ont intégré la nouvelle ligne du FFS, voire ceux qui sont venus ou revenus pour cela, ces derniers auraient été sûrement ravis d'entendre un mot de MM. Laskri et Betatache sur l'élection présidentielle. Présentera-t-il un candidat ? Soutiendra-t-il un candidat, travaillera-t-il à l'émergence d'un candidat… consensuel ? A-t-il une forme inédite de participation de façon à peser sur son issue ? Enfin, appellera-t-il au boycott ? Il n'y a eu de réponse à aucune de ces questions, on peut le comprendre, puisque ce n'est pas «à l'ordre du jour», façon de dire autrement que ce n'est pas dans l'agenda. Le FFS «ignore» donc la présidentielle mais se projette tout de même dans le jour d'après. Il en fait même une priorité, tout en formulant une interrogation, qui n'est pas sans appréhension : «la question qui nous taraude est de savoir comment sera l'Algérie après l'élection. Au FFS, ce ne sont pas les noms des candidats ou le prochain président qui nous intéresse mais de savoir comment édifier un Etat de droit et comment sera l'Algérie après ce rendez-vous » ! Vaste programme s'il en est, mais ça ne fait toujours pas un agenda. Slimane Laouari