La première sortie médiatique du FFS, après les élections du 10 mai, est à la hauteur des attentes des militants. En effet, c'est une occasion de dissiper beaucoup de malentendus. Car on a entendu tellement de bobards, notamment dans la presse écrite, à tel point que le militant commence à être submergé par des doutes. Ceci dit, bien que nous ayons tous une confiance en la personne de Hocine Aït-Ahmed, la presse algérienne a, cette fois-ci, outrepassé son rôle d'information pour jouer un rôle politique très néfaste à l'encontre du FFS. En tout cas, elle prouve, de jour en jour, que son indépendance est loin d'être matérialisée sur le terrain. D'une façon générale, le deuxième passage d'Ahmed Betatache à la télévision algérienne, le 3 juin 2012, dans l'émission «Hiwar essaa», animée par Farida Belkessam, est un grand moment de débat où la langue de bois n'a pas le droit de cité. D'emblée, le député de Bouira explique comment la joute du 10 mai a été perçue par le FFS. « Notre participation a été tactique », dit-il. Par conséquent, le nombre de sièges nous importait peu. En plus, on savait que cette élection n'allait pas être libre. « Le seul vote sincère en Algérie ce fut celui du 1er juillet 1962 sur le principe de l'autodétermination des Algériens », tient-il à rappeler ce grand moment de l'histoire. Quant à ceux qui accusent le FFS de ne pas dénoncer l'irrégularité des élections du 10 mai, ces derniers oublient que la conviction du FFS n'a pas changé depuis qu'une armée des frontières, qui n'a aucune légitimité si ce n'est celle des armes, s'est emparée du pouvoir. Ainsi, pour qu'il n'y ait pas de faux procès, le FFS ne croit pas à la sincérité de ce pouvoir. Quoi qu'il en soit, le changement de la donne politique au niveau de la région a incité le FFS à investir l'arène politique. « Notre participation a été un moyen de développer nos arguments et affirmer nos messages politiques », argue-t-il. C'est aussi une occasion pour le FFS de rappeler que la souveraineté doit émaner de la volonté du peuple algérien. En tout cas, à chaque fois que le peuple pouvait s'exprimer, le FFS était là pour expliquer les enjeux. Cela dit, bien que chaque pays ait choisi sa voie afin qu'il parvienne à un changement, le FFS s'est prononcé, dès le départ, pour la voie non violente. Il s'agit d'un choix politique que le parti assume pleinement. Tout compte fait, cette participation a démenti tous les ragots colportés à l'encontre du FFS. En effet, certains ont dit que le FFS était cantonné en Kabylie. Bien qu'on soit fier d'avoir un ancrage dans cette région, rappelle Ahmed Betatache, il n'en reste pas moins que sa présence à l'échelle nationale est incontestable. En tout état de cause, la dimension du FFS est à l'image de son président, Hocine Ait Ahmed. Rappelant les circonstances historiques qui ont présidé à la naissance du FFS, Ahmed Betatache rappelle : « Ses fondateurs viennent de toutes les régions d'Algérie, à l'image de Lakhdar Bourgaa de Blida, Mohamed Chaabani du Sud et Aboubaker Belkaid de Tlemcen, etc. » Néanmoins, les dirigeants algériens ont tenté et tente toujours de le régionaliser. Et en dépit des verrouillages tous azimuts, le FFS existe dans tout le territoire algérien. A la question de savoir si Ait Ahmed a accepté un quota, Ahmed Betatache exclut catégoriquement cette éventualité. « Personne ne peut croire une telle chose », affirme-t-il. En tout état de cause, le combat d'Ait Ahmed ne plaide pas, de toutes les façons, à ce qu'un un deal ait été possible. D'ailleurs, il respecte trop le suffrage des Algériens pour ne pas admettre ça. « N'a-t-il pas refusé la responsabilité suprême du pays parce que les Algériens ne l'ont pas choisi », corrobore-t-il la thèse d'un impossible marchandage entre Ait Ahmed et le pouvoir. En l'état actuel des choses, la préoccupation du FFS est de reste fidèle à sa ligne politique défendue depuis 49 ans : rendre sa souveraineté au peuple algérien. Et tant que le changement n'est pas intervenu, cette ligne restera celle du FFS. Par ailleurs, sur la fronde interne au FFS, Ahmed Betatache rappelle qu'à l'intérieur des structures du FFS, le débat est toujours permis. Selon le député de Bouira, « chacun est libre de dire ce qu'il veut pour peu qu'il respecte la ligne politique du parti ». Il rappelle ensuite la genèse de cette crise. Au départ, rien ne prédisait une telle crise. Rappelant les différentes étapes qui ont amené les instances du parti à adopter le principe de la participation, Ahmed Betatache rappelle que « seuls quatre membres du conseil national ont voté contre ». Toutefois, bien qu'il puisse y avoir des carences dans l'élaboration des listes, il affirme que les contestataires actuels ont déposé leurs dossiers comme tout le monde. Malheureusement, quand ils se sont retrouvés en bas des listes, ils ont contesté les décisions du parti. Certains camarades ont décidé alors de ne pas faire la campagne électorale. Mais, dans le pire des cas, certains ont mené une contre campagne. Or, dans la vie d'un parti, la discipline partisane est requise. Plus grave encore, après les élections, ces frondeurs ont utilisé la presse, qu'ils accusaient à longueur de journée d'être à la solde des services secrets, pour fustiger le parti. Cependant, sur le plan géopolitique, Ahmed Betatache estime que l'Algérie est convoitée par les forces internationales. Bien que le FFS n'amplifie pas les risques comme le font certains à des fins de tromper les Algériens, le risque est tout de même réel. Selon lui, « c'est pour empêcher une intervention, comme celle qu'on a vu en Libye, qu'on a participé ». « La France, l'Italie, l'OTAN et les USA ne nous aiment pas. Ils aiment Hassi Messaoud et Hassi Rmel. On a vu en Libye, après les violentes manifestations contre le régime d'el Kadhafi, comment ces pays sont entrés en Libye en vue de répartir les richesses de ce pays », argue-t-il. Concernant les risques islamistes dans la région, le député de Bouira revient d'abord sur la genèse de ce courant. Pour lui, « ce sont les régimes dictatoriaux qui ont créé ces mouvements ». De toute évidente, le FFS les rejette tous les deux. « Non à l'Etat policier et non à l'Etat intégriste », est l'un des slogans phares du FFS. Cependant, sur l'éventualité de l'entrée du FFS dans le gouvernement, Ahmed Betatache rappelle que le FFS et le régime empruntent deux chemins parallèles. Pour qu'il y ait la participation du FFS à un gouvernement, il faudrait un changement total dans la façon de gérer les affaires publiques. Autant dire qu'en ce moment, la participation du FFS au gouvernement est impossible. Cependant, signalant les tares du parlement algérien, Ahmed Betatache estime que la septième législature n'est pas légitime afin qu'elle vote la loi fondamentale du pays. Quant au FFS, il se bat pour l'élection d'une assemblée constituante, seule habilitée à proposer une constitution au peuple algérien. En tout cas, depuis le coup de force constitutionnel de 1963, l'esprit de la constitution est foulé au sol. Car, en Algérie, il n'existe pas la séparation des pouvoirs. Et le moins que l'on puisse dire c'est que le pouvoir exécutif domine sans vergogne les deux autres pouvoirs, le législatif et le judiciaire. Comment pourra-t-on avoir un Etat de droit, si le juge est sous la tutelle, s'interroge Ahmed Betatache. En Algérie, il faudra arriver à instaurer une justice indépendante, clame-t-il. En guise du mot de la fin, Ahmed Betatache souhaite qu'il y ait un véritable changement en Algérie. À partir d'un large débat, espère-t-il, l'Algérie entamera une période de transition, laquelle débouchera sur la naissance de la deuxième république.