La grève illimitée des chauffeurs de bus et receveurs relevant de l'Etablissement de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa), entamée il y a huit jours et jugée "illégale" par la direction générale de l'entreprise, se poursuit, causant des désagréments aux citoyens, contraints de recourir à d'autres moyens de transport "improvisés" pour la circonstance. A la station du 1er Mai, les grévistes rassemblés en petits groupes à côté des bus stationnés ici et là, réaffirment leur détermination à poursuivre le débrayage jusqu'à satisfaction des revendications. La principale revendication est "l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997 avec effet rétroactif et le respect de ses dispositions juridiques". Des usagers désemparés, ne sachant plus quel bus prendre car la signalisation des bus privés qui remplacent les bus de l'Etusa indiquent une destination, alors que les cris des receveurs en indiquent d'autres. Madjid, un sexagénaire d'Aïn Naâdja, habitué à prendre le bus à partir de la station du 1er Mai pour rentrer chez lui après une journée de travail, ne cache pas sa colère lorsqu'il s'adresse à un jeune receveur pour connaître la destination. "Je ne comprends plus ce qui se passe ici. La grève dure depuis une semaine sans même garantir un service minimum. Je suis obligé de prendre, à contre cœur, les bus du secteur privé qui ne sont ni propres ni confortables, pour rentrer chez moi", indique-t-il avec beaucoup de peine. D'autres personnes approchées par l'APS, ont exprimé la gêne infligée par la grève même si, en même temps, elles se disent "compréhensives" envers les grévistes. Les personnes interrogées se sentent comme des "otages" car n'ayant pas d'autre choix, elles se retrouvent soit entassées dans des bus qui manquent de commodités, ou obligées de prendre des "taxis clandestins" pour arriver à leurs destinations. Jeudi, le directeur général de l'Etusa, Yacine Krim, a jugé "illégale" la grève des chauffeurs de bus et receveurs de l'entreprise, affirmant que "toutes les revendications des grévistes pour l'application de la convention collective de 1997 ont été satisfaites en octobre de l'année 2012". Il a indiqué qu' "il n'était plus possible de tolérer ce genre de débrayages inopinés qui causent des désagréments aux usagers des transports et des pertes à l'entreprise". M. Krim avait aussi souligné qu' "il était du devoir de l'Etusa d'appliquer et de respecter les lois en vigueur", appelant les grévistes à "assumer leur responsabilité". Pour leur part, des représentants du bureau syndical de l'entreprise affiliés à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), dissous en octobre dernier, avaient affirmé leur détermination à poursuivre le débrayage et plaidé, par ailleurs, pour le rétablissement du bureau pour "faciliter le dialogue". Ils avaient reconnu que cet état de fait donnait à leur grève un aspect "sauvage" qui risque de rendre le dialogue difficile et de compromettre la légitimité du débrayage. En marge d'une visite d'inspection à Alger, le ministre des Transports, Amar Ghoul, a estimé lundi que la grève des travailleurs de l'Etusa était un "problème interne qui doit se régler au niveau de l'entreprise", ajoutant que son département ministériel avait donné des instructions pour prendre en charge les revendications des grévistes, à condition qu'elles soient "raisonnables".