La philosophie de vie dans sa pluralité a été au cœur de l'avant-dernier soir du cinquième Festival culturel international de danse contemporaine (FCIDC), inauguré le 15 novembre dernier au Théâtre national algérien, avec au programme, l'Italie, la Walonie Bruxelles, l'Algérie et les Etats-Unis. L'Italie, avec Artenis Danza, a présenté "Le silence japonais" une chorégraphie qui s'inspire du théâtre du No, avec l'utilisation très remarquée de la pantomime où la gestuelle et l'expression du visage dans ses différentes mines ont véhiculé l'essentiel du message. Les deux ballerines qui se sont succédé ont exploré les rites de l'ancestralité du pays du Soleil levant, à travers des mouvements saccadés, amples et larges, occupant l'ensemble de l'espace scénique dans une tentative pressante de pénétrer le silence religieux et aristocratique. Louiza Ghardaoui, en solo, représentant la Wallonie Bruxelles, est ensuite entrée en scène avec une chorégraphie de sa création écrite en deux parties :"La femme et le moineau" et "Self défense". La première partie du spectacle retrace le rêve de liberté et d'émancipation de la femme orientale à travers son imitation du vol du moineau auquel elle s'identifie dans sa vulnérabilité. La vidéo projection diffusant le glissement des nuages dans l'immensité du ciel et le vol des oiseaux, a donné des impressions de hauteurs. La deuxième partie a concerné le plein exercice de la liberté, à travers un espace intime crée par un cerceau, à l'intérieur duquel la ballerine, dans un caractère excentrique, va réaliser ses fantasmes, en présence des valeurs culturelles et identitaires suggérés par la musique. La compagnie Dream Team de Tizi-Ouzou a ensuite présenté "Parcours d'une vie", un message de détermination livré à l'endroit de la femme, représentée par un quatuor de ballerines, toutes de noir vêtues, dans une chorégraphie de groupe en quatre actes, marquée par la force du mouvement et la fermeté du geste et retraçant la condition de la femme, contrainte au combat pour arracher le droit de vivre pleinement ses ambitions. "A deux doigts", Epluchure", "La chute" et "Dispersion de l'encre déversée", quatre performances animées par la Company E, des Etats Unis, composée de deux ballerines et autant de danseurs qui ont brillé de technique et de précision, dans une mise en dualité de la fragilité de la femme et la virilité de l'homme. Se succédant sur la même gestuelle, une ballerine et un danseur ont dessiné dans un mouvement de trajectoires hésitantes, la conquête de l'autre et la tentation d'aller au bout d'une relation encore frêle bien que probable. La deuxième performance, interprétée par une soliste en tee-shirt sombre, suggère une tentative de se défaire de ses déceptions et ses regrets antérieurs, en simulant la gestuelle de l'épluchage qui devait conduire à l'abandon du vêtement. Interprétée en couple, la nécessité de se remettre debout après une chute a été le sens du message délivré par la troisième performance dans une expression corporelle académique et une belle esthétique. Enfin, le dernier acte rappelle que l'individu demeure responsable devant ses manquements aux autres et à la vie, à travers un solo masculin où le danseur en caleçon court, se souille le corps d'une encre bleue chaque fois qu'il suggère en mouvement avoir commis un forfait. L'éclairage accompagnant les prestations a été concluant, créant les atmosphères adaptées à chaque tableau présenté, devant un public nombreux et réceptif. La cérémonie de clôture du cinquième Festival culturel international de danse contemporaine aura lieu vendredi avec la remise des distinctions aux lauréats et la représentation d'Aniko Ballet (Ukraine), suivie de "Performances" qui présentera les travaux de trois résidences artistiques internationales.