Des conceptions chorégraphiques mettant en valeur dans une forme esthétique de haute facture, la femme, l'état d'esprit dans ses facettes les plus sournoises et la liberté, ont été présentées mardi au théâtre Mahieddine Bachtarzi dans le cadre du cinquième Festival culturel international de danse contemporaine, inauguré le 15 novembre dernier. Lamia Safieddine du Liban, dansant en solo sur sa propre chorégraphie, a été époustouflante de beauté et de grâce dans ‘‘Lilith'‘(Consacrée par la légende, et la tradition ésotérique, première femme de l'humanité), un hommage à la femme et à son engagement pour son affirmation dans un monde où son partenaire, l'homme essaye d'imposer sa suprématie. S'attaquant à nombre d'idées reçues qui, selon l'artiste, ‘‘réduisent l'image de la femme orientale et maghrébine à la sensualité de Shahrazade ou à la danseuse du ventre'‘, lamia Safieddine a retracé par la grâce du geste et l'élégance du mouvement, la genèse de la femme, depuis ‘‘ Lilith ‘‘, Dans une œuvre d'inspiration mélancolique, où l'amour tient une large part, les atmosphères feutrées aux couleurs vives et la musique évoquant l'évènement et le tourment, ont contribué à mettre en valeur le combat de la femme à travers le temps et répandre le parfum exotique du Maghreb et de l'Orient. Succédant au Liban, l'Espagne, à travers cinq ballerines formant la troupe Dantzaz Kampainia, a présenté ‘‘Le caméléon'‘, une danse -autour de cinq chaises- qui a passé en revue les sautes d'humeurs et les brusques changements des dispositions de l'esprit humain, devant l'adversité et les différentes situations de vie. D'une souplesse physique peu comparable, les ballerines espagnoles ont brillé d'agilité, consommant la quasi-totalité du temps de leur prestation dans le mouvement et la grâce avec une utilisation intelligente des chaises qui ont servi de socles à tous les supports et favorisé la posture assise. Dans l'élancement du corps et l'inertie du mouvement, la compagnie Profil, (Algérie) a présenté ‘‘Chemins de femmes'‘ de Faiza Mammeri, une chorégraphie interprétée par quatre ballerines et autant de danseurs dans laquelle la femme est valorisée à travers sa pudeur et sa détermination cachées sous le voile traditionnel et ancestral (Le Haïk). Les artistes ont été d'une technique et d'une synchronisation appréciables, enchaînant les scènes où la femme était au centre de toutes les épreuves, franchissant de nouveaux caps dans sa quête d'affirmation comme entité à part entière aux côtés de son partenaire l'homme. Le public, nombreux, réagissant à chaque figure esthétique a pris du plaisir à suivre la femme dans ses différents chemins, souvent sinueux et semés d'embuches, racontant son pays à travers son cheminement personnel dans le temps. La compagnie Ver Te Dance de Tchéquie, a présenté, à l'issue de ce cinquième soir, un duo qui a dansé autour du thème de la vie et de la liberté, dans un spectacle prodigieux préconisant comme meilleure des libertés, dans la grâce et la beauté du geste, le retour aux origines et à l'état naturel. Simulant une averse en faisant couler véritablement de l'eau sur la scène, les deux artistes ont suggéré le redéploiement de la nature qui se refait dans l'ensemble de ses caractères constructifs, dans des mouvements amples et ouverts qui sollicitent le détachement du corps et qui évoquent ainsi l'essence même de la liberté. Le cinquième Festival culturel international de danse contemporaine, prévu jusqu'au 22 novembre et dont la Chine est l'invité d'honneur, poursuit la compétition au TNA, et accueillera pour son sixième soir la France, la Grèce, le Cameroun et l'Algérie.