Une nouvelle affaire sanitaire défraye la chronique en France après une plainte d'une femme de 18 ans visant le vaccin Gardasil du groupe Sanofi Pasteur MSD contre le cancer du col de l'utérus, accusé de graves effets secondaires sur le système nerveux central. De nouvelles réclamations en justice sont à venir dans ce dossier, selon un cabinet d'avocats parisien, qui défend trois jeunes filles victimes d'effets néfastes présumés de la prise de Gardasil, ayant annoncé vouloir déposer "trois plaintes pénales d'ici quinze jours" contre le même laboratoire. Vendredi, une première plainte a été déposée par Marie-Océane, une jeune femme de 18 ans, auprès du parquet du tribunal de Bobigny dans la banlieue parisienne, pour de graves effets secondaires liés selon elle au vaccin Gardasil. "Le fait qu'il y ait une plainte ne prouve pas qu'il y ait un problème", a affirmé lundi le président du comité technique des vaccinations Daniel Floret. Les données internationales "ne montrent aucun lien" entre le Gardasil et la sclérose en plaques, selon lui. L'utilité du vaccin contre le cancer du col de l'utérus fait néanmoins débat en France, où des patientes ont déjà saisi des commissions régionales d'indemnisation des accidents médicaux, pour des effets secondaires liés selon elles au Gardasil, lancé en 2006. Marie-Océane a été vaccinée au Gardasil à 15 ans, comme quelque 2,3 millions d'adolescentes françaises ainsi traitées préventivement contre ce cancer touchant près de 3.000 personnes annuellement. Elle a reçu la première injection, selon son avocat Me Jean-Christophe Coubris, le 11 octobre 2010 et une deuxième le 13 décembre. Une vaccination intervenue selon lui après un "tapage médiatique", visant à "culpabiliser" les parents pour qu'ils choisissent ce traitement. Mi-février 2011, des signes cliniques sont apparus. Des vertiges et vomissements ont conduit à son hospitalisation à Dax (sud-ouest), puis en urgence au centre hospitalier universitaire de Bordeaux (sud-ouest), après avoir souffert de pertes momentanées de la vue, de la marche et d'une paralysie faciale. Selon un communiqué de Me Coubris, "le diagnostic d'encéphalomyélite aigüe disséminée (une inflammation du système nerveux central) ou de sclérose en plaques a été rapidement posé". Son état s'est stabilisé en août 2012, mais la jeune fille est souvent fatiguée ce qui gêne sa scolarité, raconte l'avocat bordelais. Pour lui, Marie-Océane vit désormais "avec l'angoisse constante d'une poussée de sa maladie". Elle a donc déposé vendredi une plainte pénale pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine". La plainte vise le laboratoire, mais aussi l'Agence nationale du médicament (ANSM). Coïncidence ou lien de causalité ? Les femmes qui s'apprêtent à déposer de nouvelles plaintes, âgées d'entre 20 et 25 ans et domiciliées à Marseille (sud), Toulon (sud) et dans l'Aisne (nord), ont pris le vaccin entre 2008 et 2010, selon leur cabinet d'avocats. Deux d'entre elles souffrent aujourd'hui de la maladie de Verneuil (maladie chronique de la peau), l'autre de polymyosite (maladie qui touche le système musculaire). La plainte, selon le cabinet, pourrait concerner davantage de victimes présumées car "des témoignages de jeunes filles victimes du Gardasil se multiplient (...) dans ce qui semble s'annoncer comme un nouveau scandale sanitaire". Le dossier de Marie-Océane s'appuie sur une double expertise commandée par la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CRCI) d'Aquitaine, qui selon Me Coubris a conclu "au lien d'imputabilité entre le vaccin et la pathologie de Marie-Océane". Mais la commission a limité son indemnisation à 50% du préjudice, estimant qu'une éventuelle vulnérabilité génétique avait aussi pu jouer. Sanofi Pasteur MSD, qui conteste cette conclusion, estime qu'elle s'appuie "uniquement sur la constatation d'une coïncidence temporelle" entre les symptômes d'une maladie et la vaccination, sans prouver le lien de causalité. Selon l'INVS (Institut national de veille sanitaire), moins d'un tiers des adolescentes françaises étaient en 2011 vaccinées contre le cancer du col de l'utérus, le 12e cancer le plus fréquent chez les femmes.