Les pourparlers à l'OMC se multiplient mercredi sur l'île indonésienne de Bali, en particulier entre l'UE, les Etats-Unis et l'Inde, après le rejet par New Delhi d'un compromis sur les subventions agricoles, compromettant la relance des négociations sur la libéralisation des échanges mondiaux, paralysées depuis douze ans. L'Inde, à la tête des 46 pays en développement du "G33", demande de pouvoir accroître ses subventions aux produits agricoles afin d'aider les fermiers et nourrir à bas prix les plus pauvres, mais cela est actuellement sévèrement limité par l'OMC, car considéré comme une forme de dumping. Les Etats-Unis, fervents opposants, ont proposé un compromis qui consisterait à offrir une "clause de paix" de quatre ans, selon laquelle aucune sanction ne serait recherchée contre les pays qui dépassent le plafond de subventions pour un programme de sécurité alimentaire. Mais New Delhi et le G33 rejettent une période déterminée à l'avance, préférant qu'une telle exemption coure "jusqu'à ce qu'une solution permanente négociée soit convenue", a expliqué M. Sharma. "Pour l'Inde, la sécurité alimentaire n'est pas négociable", a insisté le ministre, assurant qu'il s'agissait de "la décision finale" de Delhi. "Les déséquilibres historiques des règles du commerce mondial doivent être corrigés afin d'assurer un ordre juste et équitable", a-t-il indiqué, soulignant que "l'agriculture soutient des millions de petits paysans". La radicalisation de la position de l'Inde a jeté le froid sur les discussions de Bali qui tentent de réanimer les négociations lancées en 2001 à Doha afin de réduire les barrières aux frontières et ainsi doper l'économie mondiale. "Je suis de nature optimiste mais aujourd'hui je dois avouer que je suis quelque peu maussade", a réagi le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, accusant visiblement le coup après la "bombe" indienne. "L'Inde doit faire preuve de flexibilité' "Une solution n'est pas impossible mais à condition que l'Inde fasse preuve de la flexibilité nécessaire", a-t-il souligné avec une franchise peu habituelle pour ce genre de rencontres. "Le commissaire a averti qu'un échec à Bali "ferait vaciller les fondations même de l'OMC", "plaçant sous respiration artificielle le système de règles de l'OMC". "Outre la fin de l'OMC en tant que cadre des négociations multilatérales sur l'ouverture des échanges, M. De Gucht a estimé qu'un échec à Bali pourrait même menacer la pertinence de l'organisation en tant qu'instance de règlement des conflits commerciaux, une fonction pourtant "très importante pour l'UE et les Etats-Unis" en particulier. "Cette réunion, souvent qualifiée de "réunion de la dernière chance", tente d'arracher un accord sur le "paquet de Bali" qui concerne moins de 10% des ambitions affichées à Doha: l'agriculture, l'aide au développement et la facilitation des échanges (en réduisant en particulier la bureaucratie aux frontières). "Le premier accord multilatéral dans l'histoire de l'OMC est à portée de main", a cependant estimé le ministre américain au Commerce, Michael Froman, assurant que les Etats-Unis avaient été "flexibles". "Nous avons fait notre part de compromis", a-t-il dit.