Il y a quelques semaines, la question aurait paru incongrue. Au terme d'un mois de février chaotique, elle est devenue légitime aux yeux de l'Europe du football : et si le Barça n'était plus intouchable ? Ce qui était vrai sous l'ère Cruyff et Rijkaard l'est tout autant sous les ordres de Guardiola : à Barcelone, le dernier rempart est souvent la cible des médias espagnols. Victor Valdes ne déroge pas à la tradition. Ces dernières semaines, le gardien espagnol a multiplié les sorties hasardeuses et les relances approximatives. Comme face à Ivan de la Pena il y a dix jours ; comme face à Juninho mardi dernier ; comme face à Diego Forlan ce week-end. Pour sa 7e saison dans les buts catalans, Valdes n'est pas épargné par les critiques. Son entraîneur lui a malgré tout renouvelé sa confiance. Pour l'instant. Une défense qui se cherche Jusqu'à la gifle infligée ce week-end par l'Atletico, l'arrière-garde des Blaugrana était la plus solide d'Espagne. Avec 8 buts encaissés lors de ses trois dernières sorties, ce n'est plus le cas. Cette perméabilité naissante tient avant tout à un manque d'automatismes. Car à l'absence longue durée de Gabriel Milito est venue s'ajouter celle d'Eric Abidal. La grave blessure du latéral français a contraint Guardiola à décaler Carles Puyol sur le côté gauche et a testé diverses formules dans l'axe : depuis le début de saison, l'entraîneur barcelonais a aligné six charnières centrales différentes en championnat. La paire Marquez-Pique, la plus utilisée, n'a que huit matches au compteur. Le duo Puyol-Marquez, titulaire dimanche, n'en compte que sept. Un côté gauche amoindri Au FC Barcelone, les attaques passent souvent par le côté droit. Le trident Alves-Xavi-Messi est ainsi impliqué sur 52 des 74 buts inscrits par le Barça en Liga. Ce circuit préférentiel est d'abord lié aux profils de l'ultra-offensif Daniel Alves (3 buts et 11 passes), incomparable à son poste de latéral droit, et de Lionel Messi (17 buts et 8 passes), au coup de rein si dévastateur. Le flanc gauche, lui, repose en grande partie sur un Thierry Henry à l'efficacité retrouvée (14 buts et 5 passes décisives). Ce déséquilibre s'est accru par les absences d'Abidal et d'Andres Iniesta. Dimanche, le défenseur français a été suppléé par le Brésilien Sylvinho tandis que l'Islandais Eidur Gudjohnsen tenait la place du milieu espagnol. Cela a eu le don d'isoler un peu plus Henry... et d'accentuer le déséquilibre entre les deux ailes. Une attaque en perte de vitesse Lors de ses quatre derniers matches, l'attaque barcelonaise n'a marqué «que» sept fois (soit 1,75 but par match). Mise en relief avec la moyenne stratosphérique qui était la sienne jusqu'au 14 février (3,09 buts par matches en championnat et 3 en Ligue des champions), cette statistique traduit une baisse de régime sur le plan offensif. Le cas Samuel Eto'o est à ce titre symptomatique. Le Camerounais avait trouvé le poteau d'Hugo Lloris en Ligue des champions. Il a perdu ses deux duels devant Leo Franco ce week-end. Malgré ses 23 réalisations en 24 rencontres, le «Pitchitchi» n'a pas trouvé la faille lors des trois derniers matches. Et comme par hasard, Barcelone n'en a remporté aucun.