Trois fils de ministres turcs ont été interpellés par la police turque mardi matin dans le cadre d'une vaste affaire de corruption supposée liée à des appels d'offres publics, rapporte l'agence Dogan. Des agents de la direction des finances de la sûreté nationale ont procédé à des descentes dans différents quartiers d'Ankara et d'Istanbul et appréhendés plus d'une vingtaine de personnes, soupçonnées de pot-de-vin et de fraude dans des appels d'offres publics pour la construction de logements sociaux par l'agence gouvernementale du développement du logement (Toki). Le gouverneur d'Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, a confirmé aux journalistes qu'une opération judiciaire est en cours, sans préciser cependant l'identité des suspects. Parmi les personnes actuellement interrogées par les autorités judiciaires figurent les fils des ministres de l'Intérieur, de l'Economie et de l'Urbanisme, membres du parti islamo-conservateur de la justice et du développement (AKP), précise Dogan. Le PDG de la grande banque publique Halkbankasi et des hommes d'affaires connus dans le secteur de la construction immoblière, ont aussi été arrêtés, ajoute l'agence. Malgré une répression accrue et une législation plus sévère, la corruption reste chronique en Turquie, notamment dans la construction immobilière qui a connu un boom spectaculaire ces dernières années sous le pouvoir AKP. Selon les observateurs politiques, cette rafle dans des milieux proches du gouvernement a pour toile de fond une lutte de pouvoir entre le parti gouvernemental du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et une puissante confrérie musulmane, autrefois alliés. La justice et la police sont réputées être contrôlées par la confrérie de l'imam Fethullah Gülen, chef spirituel du mouvement Hizmet qui vit aux Etats-Unis. Les épées sont tirées depuis quelque temps entre les deux parties depuis la décision de l'AKP de fermer les établissements de soutien scolaire, importante source de revenus de la confrérie et devenus une véritable institution parallèle en Turquie. La décision du gouvernement de différer le processus de fermeture jusqu'en 2015 n'a pas apaisé les tensions et deux députés AKP proches de l'influente confrérie, dont Hakan Sükur, un ancien footballeur international, ont démissionné de leur formation en signe de protestation.