François Hollande a choyé les milieux d'affaires saoudiens lundi, au dernier jour d'une visite officielle en Arabie saoudite, posant des jalons pour l'avenir en l'absence de signature de contrats majeurs au cours de sa visite. "Les échanges représentent aujourd'hui 8 milliards d'euros (en 2013), c'est beaucoup mais ce n'est pas assez", même "s'ils ont doublé en dix ans", a lancé le président français devant un forum franco-saoudien d'investisseurs et de chefs d'entreprise réunis à la Chambre de commerce de Ryad. "Ce que vous souhaitez, nous pouvons vous le fournir", a insisté le chef de l'Etat qui a évoqué les secteurs de l'énergie, des transports (métro, bus, TGV, aéronautique...) ou de l'agroalimentaire qui "correspondent aux domaines d'excellence des entreprises françaises". Répondant à l'appel des patrons des deux pays, François Hollande a pris "l'engagement" d'assurer la "stabilité fiscale" en France où le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a pourtant engagé le vaste chantier d'une "remise à plat" des impôts. En 2013, a-t-il encore souligné, "de grands succès" ont été remportés par les entreprises françaises sur le marché saoudien. Les exportations françaises se sont élevées à 3 milliards d'euros, même si la balance reste structurellement déficitaire compte tenu des importations de pétrole saoudien. "Total a construit la plus grande raffinerie du monde avec Aramco (la compagnie nationale saoudienne d'hydrocarbures, NDLR), Sanofi a ouvert une usine pour la production d'insuline, Veolia assure la gestion de l'eau à Ryad et construira une usine de dessalement d'eau de mer...", a égrené François Hollande. Adepte d'une "diplomatie économique", il n'a pas manqué de "saluer" parallèlement les investisseurs saoudiens qui viennent en France, et tout particulièrement le groupe Al-Munajem qui a participé au sauvetage du groupe français Doux, l'un des leaders mondiaux de la production de volailles. Son fondateur, Abdelaziz Munajem, a du reste été décoré dimanche de la Légion d'honneur par François Hollande. Un secteur intéresse tout particulièrement les Français: l'énergie. L'Arabie saoudite, qui figure toujours dans le peloton de tête des producteurs mondiaux de pétrole, réfléchit déjà à des ressources alternatives pour elle-même: énergies renouvelables ou nucléaire. Ryad envisage ainsi de construire jusqu'à 16 réacteurs nucléaires dans les prochaines années. "Dès lors que le royaume voudra préciser ses objectifs, la France sera prête à y répondre", a déclaré François Hollande au cours de sa visite, faisant valoir qu'elle coopérait "depuis 30 ans" avec la Chine dans ce domaine. La France, avec ses champions, EDF ou Areva, espère décrocher tout ou partie de ce futur appel d'offres évalué entre 70 et 100 milliards de dollars, alors que la réputation des installations nucléaires japonaises a été durablement affectée par l'accident de Fukushima et que les relations entre Ryad et Washington sont assombries par les positions américaines sur la Syrie et l'Iran. La France est "très bien positionnée" pour remporter un futur appel d'offres, a estimé le ministre français du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui accompagnait François Hollande en Arabie saoudite, tout comme une trentaine de dirigeants d'entreprises françaises. Selon le quotidien saoudien Al Youm, "les relations saoudo-françaises ont acquis une dimension stratégique, notamment sur le dossier syrien". Sur cette question comme sur celle du programme nucléaire iranien controversé, "l'Arabie a trouvé dans la France un soutien", a commenté lundi le journal. Poursuivant une stratégie d'influence, Areva et EDF ont signé plusieurs accords de formation d'étudiants saoudiens ou de coopération avec l'industrie locale dans le domaine nucléaire au cours de la visite présidentielle française. François Hollande et le roi Abdallah d'Arabie saoudite qui se sont rencontrés dimanche ont signé une "déclaration commune" qui prévoit de concentrer les investissements sur "des projets d'infrastructures, en particulier dans le domaine ferroviaire, les crédits à l'exportation" ainsi que d'autres secteurs "stratégiques".