Un nouveau député turc a démissionné mardi des rangs du Parti de la justice et du développement (AKP - au pouvoir) en raison du scandale politico-financier qui éclabousse le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a annoncé le quotidien Hürriyet sur son site internet. La démission de Hasan Hami Yildirim porte à cinq (bien cinq) le nombre de parlementaires ayant quitté l'AKP, au pouvoir depuis 2002, depuis les premières interpellations, il y a deux semaines, de proches du régime soupçonnés de corruption et de fraudes. Tous ces élus ont dénoncé les pressions exercées par le gouvernement contre la justice et la police depuis le début de cette affaire. Il n'est plus possible de faire entendre quoi que ce soit au parti au pouvoir, avait déploré vendredi l'un d'entre eux, l'ancien ministre de la Culture Ertugrul Günay, accusant son ancien parti d'arrogance. Depuis le 17 décembre, le gouvernement islamo-conservateur a purgé les rangs de la haute hiérarchie policière du pays de plusieurs dizaines de ses plus hauts gradés, remplacés par des fonctionnaires jugés politiquement sûrs, et nommé de nouveaux procureurs pour encadrer ceux qui mènent l'enquête en cours. Deux autres députés de l'AKP, dont l'ancienne vedette du football turc Hakan Sukur, ont claqué la porte du parti de M. Erdogan ce mois-ci pour dénoncer la volonté du gouvernement de supprimer certaines écoles privées. Ce projet fait l'objet de violentes critiques de la part de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, longtemps alliée de l'AKP. M. Erdogan a accusé en retour ce mouvement, très influent dans la police et la magistrature, d'être à l'origine de l'enquête anticorruption qui le menace. Malgré ces départs, l'AKP jouit toujours d'une très confortable majorité au Parlement, avec 320 sièges sur 550.