Après Hassiba Boulmerka et Nouria Benida Merah, le sport féminin algérien vient d'enfanter une nouvelle championne, en la personne de Soraya Haddad. Cette jeune athlète (24 ans) est entrée dans la légende du sport algérien et africain en devenant la première judokate africaine à remporter une médaille olympique. La petite Soraya a réalisé, en effet, un authentique exploit lors des derniers Jeux olympiques de Pékin en décrochant une médaille de bronze. C'était une médaille qui avait son pesant d'or. Ce podium olympique restera dans les annales du sport national, africain et mondial. C'est une performance de taille dans une discipline très technique et physique, dominée par les Asiatiques et les Européennes. Haddad a promis de revenir de Pékin avec une médaille et elle a tenu sa promesse. Avant l'énorme performance des JO 2008, la fille d'El Kseur (Béjaïa) a marqué déjà l'histoire du judo algérien en réalisant le même résultat lors des Championnats du monde 2005 disputés au Caire. Elle avait marqué à l'occasion l'histoire du judo national en devenant la première femme algérienne à monter sur un podium mondial dans cette discipline et dans la catégorie seniors. Elle n'avait alors que 21 ans. En dépit de quelques ennuis de santé et surtout d'un manque flagrant de considération, Soraya a réussi à s'offrir trois ans plus tard une médaille olympique. Pourtant, elle a songé sérieusement à mettre un terme à sa carrière en 2006 pour absence de moyens de préparation à la mesure et à la hauteur de ses ambitions. Dans une émouvante lettre adressée au ministre de la Jeunesse et des Sports de l'époque, cette reine des tatamis a dénoncé ce manque de considération à son égard. Le ministre et les dirigeants de la fédération ont réussi à la convaincre de poursuivre sa carrière tout en trouvant une solution au problème de prise en charge au niveau de l'ISTS qu'elle n'a pas cessé de revendiquer. «Devenir championne du monde et olympique» L'héroïne d'El Kseur, ville où elle est née le 30 septembre 1984, tenait en effet à poursuivre ses études dans cet institut. Elle voulait allier sport et études dans les meilleures conditions possibles. «C'est important pour un athlète de haut niveau d'étudier», explique la triple championne d'Afrique et championne méditerranéenne, avide d'autres consécrations sur le plan mondial. «Mon objectif, c'est de devenir championne du monde et olympique», lance-t-elle. Même si elle relève d'une blessure qui l'a contrainte à passer sur le billard et même si son moral a été entamé par le sort réservé à son coach et mentor, Mohamed Bouhadou, écarté de la course pour la présidence de la FAJ, Haddad promet d'autres consécrations cette année encore. Sa réussite n'est pas, en tout cas, le fruit du hasard. «C'est le fruit d'énormes sacrifices et d'un travail sans relâche depuis l'entame de ma carrière en judo», nous dira la battante mais sympathique et modeste Soraya qui a commencé à pratiquer le judo à l'âge de 11 ans sous la conduite de maître Ouareth, avant que Bouhadou ne la prenne sous son aile. Avant le judo, elle a pratiqué deux autres disciplines, la gymnastique et le yusi kan budo. C'est un exemple à suivre pour toutes les jeunes filles algériennes. Elle a prouvé, à son tour, que la femme algérienne peut toujours prétendre aux meilleures performances sur le plan mondial.