La réouverture de la pêche au corail prévue pour cette année serait la solution idoine pour freiner le braconnage dont fait l'objet cette ressource forte pourvoyeuse d'emplois, selon certains professionnels qui saluent la décision du gouvernement de suspendre la fermeture de cette activité. Si certains professionnels se sont montrés sceptiques à la décision des pouvoirs publics de rouvrir la pêche au corail, d'autres trouvent, au contraire, cette initiative comme "solution" pour protéger la ressource coralliaire et redynamiser une activité économique disparue. "La fermeture de la pêche au corail a accentué la dégradation de la ressource sous l'effet de la pêche illicite qui n'obéit à aucune règle", estime Ali Chaïb, exploitant et transformateur du corail entre 1989 et 1997. Selon cet ex-cadre du ministère de la Pêche, plus de 750 embarcations spécialisées dans différents types de pêche (sardiniers, chalutiers, petits métiers) activent illicitement dans la pêche au corail. La suspension a eu comme effet la réduction de la flottille armée au corail d'une centaine à 24 embarcations lors de l'année de fermeture en 2001. Mais, il en reste que 11 actuellement qui "attendent avec impatience la relance de cette filière", a indiqué M. Chaïb. Ce professionnel trouve "courageuse" la décision des pouvoirs publics qui veulent instaurer désormais un cadre réglementaire obéissant à des règles "strictes" d'exploitation du corail qui générait des milliers d'emplois avant sa fermeture. "Certes, la pêche au corail ne va pas remplacer le pétrole, mais c'est une activité qui peut générer beaucoup d'emplois", selon M. Chaïb qui pose, tout de même la condition de transformer la matière première ici en Algérie avant de l'exporter vers l'étranger. La semaine dernière, le comité national des marins pêcheurs (CNMP) a exprimé son opposition à la réouverture de la pêche au corail arguant que la ressource ne s'est pas encore régénérée. Cette organisation syndicale se dit aussi contre l'exploitation de la ressource coralliaire avec et par les étrangers et demandent plutôt à l'Etat d'aider les corailleurs algériens à se doter des moyens techniques et logistiques pour l'exploitation de cette ressource. Le décret exécutif portant les modalités d'exploitation de cette ressource est actuellement en préparation au niveau du secrétariat général du gouvernement, a-t-on appris auprès du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Il est prévu notamment la création d'une agence de pêche durable qui devrait veiller à l'exploitation rationnelle de la ressource coralliaire. Des concessions seront attribuées à des exploitants par voie d'adjudication. "Les concessions seront attribuées uniquement à des professionnels algériens, mais on aura besoin, tout de même, du savoir faire étranger pour atteindre certaines profondeurs", a précisé une source du ministère. Cette dernière a indiqué également que la décision de réouverture de cette pêche a été soumise à une étude technique et scientifique préalable qui a servi de base pour la préparation des textes réglementaires qui vont désormais encadrer cette activité. L'Algérie dispose d'un potentiel important de corail notamment rouge équivalent à 50% du potentiel mondial, selon des experts internationaux. Les zones coralliaires potentielles se situent entre Skikda et El Kala à l'extrême est du pays. Malgré son interdiction en 2001, la pêche au corail a continué à faire objet d'un braconnage, puisque des saisies fréquentes sont effectuées par les services de garde côte. Selon le CNMP une quinzaine de tonnes ont été saisies depuis 2000.