Le comité national des marins pêcheurs (CNMP) a exprimé samedi à Alger son mécontentement de la réouverture de la pêche au corail prévue en avril prochain arguant que la ressource ne s'est pas encore régénérée après sa surexploitation durant plusieurs années. "Nous sommes contre la réouverture de la pêche au corail parce que les coraux n'ont pas atteint encore une taille marchande", a déclaré le président du CNMP, Hocine Bellout lors d'une conférence de presse au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Selon M. Bellout, il faudrait attendre encore cinq ans pour que les coraux atteignent un niveau de croissance acceptable, étant donné que la taille de cet animal marin ne croit que de deux millimètres par an. Cette organisation syndicale s'est dit aussi contre l'exploitation de la ressource coralliaire avec et par les étrangers et exhorte les pouvoirs publics à aider les corailleurs algériens à se doter des moyens techniques et logistiques pour l'exploitation de cette ressource. "Nous sommes contre le partenariat étranger par ce que cela va accentuer la surexploitation des récifs coralliaires", a-t-il estimé, soulignant que cette activité "connaît un trafic illégale en complicité avec des Algériens". D'après M. Bellout, les prix élevés du corail sur le marché international favorise la contrebande de cet or rouge algérien qui transite, selon lui, par les pays voisins vers l'Italie et arrive jusqu'aux Etats Unis. Malgré son interdiction en 2001, la pêche au corail a continué à faire l'objet d'un braconnage, puisque des saisies fréquentes sont effectuées par les services de garde côte. Selon M. Bellout, 15 tonnes de corail ont été saisies depuis 2000. Le ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi avait annoncé en septembre dernier la réouverture de la pêche au corail en 2014 après 13 ans de fermeture suite à une surexploitation. Le ministre avait signalé que les textes réglementaires et juridiques allaient être ficelés durant le dernier trimestre de 2013, et ce, afin de "réunir toutes les conditions de cette reprise" et "éviter de retomber dans tout dérapage". Selon M. Ferroukhi, une agence de pêche durable devrait être créée pour encadrer la pêche de la ressource coralliaire dont l'exploitation sera faite à travers des concessions à attribuer par adjudication. Cette reprise devrait mettre fin à l'exploitation informelle et le braconnage de cette ressource et permettre à cette filière de contribuer à l'économie nationale, avait-il estimé. L'Algérie dispose d'un potentiel important de corail notamment rouge équivalent à 50% du potentiel mondial, selon des experts internationaux. Les zones coralliaires potentielles se situent entre Skikda et El Kala à l'extrême est du pays. Par ailleurs, M. Bellout, a relevé également un manque de contrôle de l'activité de pêche ce qui va entraîner, a-t-il dit, "l'effondrement des stocks de poisson durant les prochaines années". Il a cité, entre autres facteurs, la pollution par les eaux usées, la pêche à la dynamite, l'utilisation des filets interdits par la loi comme le filet dérivant et le non respect de la taille marchande des espèces pêchées notamment la sardine. Créé dans les années 1980, le Comité national des marins pêcheurs est l'une des plus anciennes organisations professionnelles de la pêche qui compte actuellement 12.000 adhérents sur les 55.000 inscrits maritimes du secteur.