La célébration de la naissance du Prophète Mohammed (QSSSL) est une fête parmi les plus populaires en Algérie. A Constantine, un rituel bien propre à la ville est toujours d'actualité. A des différences près, les familles constantinoises s'efforcent de rester le plus près de la tradition avec des veillées du madih dans les mosquées, les zaouïas et même les maisons. Il faut savoir que dans une ville conservatrice comme Constantine, le Mawlid ennabaoui est une occasion pour rappeler la vie du Prophète, réciter le Coran et répéter les chants classiques, en groupes ou en association. D'ailleurs, plusieurs cérémonies sont organisées chaque année à travers tout le territoire de la wilaya. La fête, il faut le dire, se répare plusieurs jours à l'avance. A l'approche du Mouloud, on évide les œufs pour que les enfants en peignent les coquilles. Puis les parents finissaient le travail : ils trouent d'abord l'autre côté de l'œuf évidé pour pouvoir enfiler les coquilles différemment colorées et les attacher à une longue perche pour avoir le plus long collier de coquilles. Les garçons font éclater des pétards alors que les filles font tournoyer à bout de bras, en cercles lumineux, des feux étincelants qu'on appelait n'joum ou étoiles. Dans les cours intérieures des maisons, il était permis de ne faire exploser qu'un seul gros pétard, qui non seulement ne détonnait pas mais éclairait toute la maison tantôt d'une lumière verte tantôt d'une lumière rouge. Aujourd'hui, les jeux ont évolué et certains sont devenus très dangereux et se poursuivent jusqu'au moment où l'on sert le repas : c'est en général une chakhchoukha à la viande et au poulet à la sauce épaisse. Après ce copieux repas, on promène dans toute la maison un kanoun rempli de braises ardentes sur lesquelles on jette de pleines poignées d'encens qui, tout en grésillant, répandent un parfum envoûtant. Ensuite, dans chaque pièce, on allume une petite bougie colorée et fine dont la flamme vacillante éclaire toute la nuit les chambres. En plus de ces jeux d'enfants, ce jour se singularise aussi par ses repas. Au petit-déjeuner par exemple, on servait comme pour fêter la naissance d'un enfant, du z'rir, la tammina qu'on sert d'habitude à la parturiente, onctueuse et mielleuse à base de blé moulu et de pois chiche.