C'est autour d'une cérémonie marquante au Palais des nations que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est adressé aux femmes algériennes à l'occasion du 8 mars, Journée internationale de la femme. Lors de son discours, le Président a instruit le ministre de la Justice d'installer une commission comme celle qui a travaillé sur les amendements du code de la famille, dont la mission sera «de proposer un projet de loi organique mettant en œuvre les principes constitutionnels en faveur d'une plus grande participation de la femme dans les assemblées électives». Ce chantier reste tributaire du développement global du pays, dira le M. Bouteflika, expliquant que «tout ce qui stimule la lutte contre la pauvreté, l'exclusion et l'analphabétisme améliore inévitablement la condition des femmes». Pour lui, il est nécessaire d'engager une réflexion sur ce qui permettra d'ouvrir des perspectives réelles aux femmes travailleuses, rassurées par une prise en charge socioéducative de leurs enfants. Le programme du développement de notre pays reste, selon M. Bouteflika, tributaire de la participation effective de la femme au renouveau de l'Algérie. Ainsi, il estime que le «degré de démocratie et de progrès se mesure à l'aune des institutions culturelles, économiques et politiques». Reconnaissant que l'accès à la prise de décision des femmes demeure faible par rapport aux hommes, Abdelaziz Bouteflika a décidé de poursuivre sa politique déjà entamée, en nommant des femmes à des postes jusque-là réservés aux hommes. Il s'agit notamment des poste de wali, d'ambassadeur, de recteur d'université, de président de cour et de membre du gouvernement. «Mais ne dites pas que nous n'avons pas la capacité de gérer, par exemple, une wilaya», a-t-il enchaîné ironiquement. Dans ce même ordre d'idées, M. Bouteflika a instruit le Conseil national de la femme et de la famille à créer un département chargé du développement et de la promotion de l'emploi féminin. Quant aux postes de directeur central et de chef d'entreprise publique, il a suggéré aux membres du gouvernement qu'à l'avenir un pourcentage raisonnable de candidatures soit réservé aux femmes.Un acquis de tailleLe président de la République a relevé par ailleurs le rôle des associations de femmes, des syndicats, des partis politiques dans le renforcement et la modernisation de la vie politique. Dans ce sens, il a considéré qu'il est «inconcevable et inacceptable que la femme reste toujours classée en fin des listes». Il a précisé à cet effet que «c'est de la volonté et de la sincérité des partis politiques à encourager les candidatures féminines à des postes d'éligibilité que dépend en grande partie la participation politique des femmes». S'agissant de la promotion des droits de la femme, l'hôte du Palais des nations considère que «les derniers chantiers juridiques ouverts pour la promotion des droits de la femme, notamment en matière de révision du code de la famille, du code de la nationalité et de la Constitution, sont un acquis de taille».Cet acquis «tend à établir l'égalité entre l'homme et la femme, si difficile, mais qu'il faut constamment rechercher», et qui consiste, a-t-il ajouté, en «une harmonisation des droits de l'homme et de la femme, dans un souci permanent de justice et de respect». Il a toutefois reconnu que les questions qui touchent à la promotion des femmes sont souvent «délicates et chargées de passion, objet de polémiques incessantes, d'idées préconçues et de préjugés infondés». Pour lui, la détermination et le courage que témoignent les Algériennes pour protéger leurs droits ne sont plus à démontrer et «l'évolution des mentalités, due à l'éducation et à l'acquisition du savoir, joue un rôle décisif dans la défense de ces droits».