La mise en œuvre d'une nouvelle approche managériale dans la gestion des grands ensembles sportifs est indispensable en vue d'une exploitation efficiente des infrastructures, a souligné lundi à Alger le ministre de la Jeunesse et des Sports Mohamed Tahmi. «Nos grands ensembles sportifs et de loisirs doivent désormais être gérés conformément aux standards internationaux. Pour cela, il est impératif de mettre en place une nouvelle approche managériale», a indiqué M. Tahmi à l'ouverture des travaux de la Journée d'étude sur la gestion et l'exploitation des grands ensembles sportifs. «Le but de la tenue de cette journée d'étude est de lancer une réflexion débouchant sur une nouvelle méthode de gestion de nos infrastructures», a expliqué le ministre, qui a appelé à la mise en place de «mécanismes souples et viables à la veille de la réception de nouveaux projets importants». L'Etat algérien a, en effet, consacré un montant dépassant les 200 milliards de dinars, soit plus de 50% de l'enveloppe globale du secteur, à la réalisation de ces grands ensembles. Le premier responsable du secteur a rappelé aux présents, que les trois programmes quinquennaux initiés par l'Etat «ont permis de rattraper les retards accumulés en matière d'offre infrastructurelle et de renouer avec l'édification de grands ensembles sportifs». M. Tahmi a ajouté que la livraison des premières installations, dès la fin 2015, «impose à tout le monde de s'atteler très rapidement à trouver les mécanismes et outils efficaces pour une gestion pérenne de ces installations. L'Algérie réceptionnera, d'ici 2015, une grande partie de ces grands projets infrastructurels et pourra dès lors, postuler à abriter, dans «d'excellentes conditions», des compétitions sportives d'envergure, a ajouté le ministre. «Nous avons déjà déposé notre candidature pour l'organisation de la CAN-2019 de football, du Mondial U21 de handball en 2017 et probablement une édition des Jeux méditerranéens», a indiqué le ministre, pour illustrer la détermination de l'Algérie à renouer avec l'organisation des grands rendez-vous sportifs. Plusieurs intervenants étrangers, experts en matière de gestion des grandes infrastructures, présenteront des communications pour faire part à l'assistance de leur expérience dans ce domaine. L'ensemble des directeurs de la Jeunesse et des Sports, ainsi que les directeurs des Offices des parcs omnisports des wilayas étaient présents à ce rendez-vous. Le sport peut servir de catalyseur pour booster l'économie et le tourisme Une bonne gestion des infrastructures sportives peut contribuer «sensiblement» à l'essor des secteurs de l'économie et du tourisme, ont estimé, lundi à Alger, les experts étrangers qui ont animé la journée d'étude sur la gestion et l'exploitation des grands ensembles sportifs. Selon Maurice et Roland Louvet (père et fils) de l'entreprise Experstade : «Le sport peut jouer le rôle de catalyseur pour booster l'économie, à petite ou grande échelle, car non seulement il peut générer un grand nombre d'emplois, au niveau de l'infrastructure sportive en elle-même, mais aussi dynamiser plusieurs secteurs parallèles.» D'après Maurice Louvet, la construction d'un grand complexe sportif va, en effet, impliquer l'ouverture de nouvelles autoroutes et de nouvelles voies ferrées pour l'acheminement des spectateurs, ainsi que de nouveaux établissements hôteliers pour héberger les athlètes, tout en faisant vivre une multitude de commerces, comme dans le domaine de la restauration. «C'est d'ailleurs pour cette raison que, personnellement, je qualifie les importantes infrastructures sportives d'héritage pour les collectivités locales. Des édifices bâtis pour durer plusieurs décennies, pendant lesquelles elles peuvent contribuer étroitement à l'essor de l'économie locale. C'est aussi pour cette raison qu'il est indispensable d'en prendre soin.» Une maintenance qui, selon M. Louvet, ne peut se faire en l'absence d'une tête pensante éclairée et d'une main-d'œuvre qualifiée : «Ce qui me pousse à dire que la formation de personnes compétentes est tout aussi importante que la création du complexe sportif en lui-même, car c'est grâce à elle qu'il peut vraiment durer dans le temps.» Pour sa part, Karim Houari, le directeur d'exploitation du Stade Rennais, a littéralement qualifié les grands ensembles sportifs de «Business Centers», tellement ils peuvent générer beaucoup d'argent pour les collectivités qui en bénéficient. Pour peu, bien sûr, qu'ils soient bien exploités, car cette rentabilité maximale ne peut être atteinte sans une exploitation optimale des différents équipements. «Je cite l'exemple du complexe sportif du club londonien, Chelsea, qui a généré d'énormes bénéfices en louant l'une de ses annexes au géant de la mode Armani pour une exposition. Tout cela pour dire qu'un complexe sportif n'est pas fait uniquement pour abriter des matchs de foot, mais qu'il peut être exploité autrement et avec d'importants gains financiers à la clé.» Pour sa part, Roland Louvet a attiré l'attention sur l'essor du secteur touristique à travers le sport en citant l'exemple de l'actuelle capitale olympique d'hiver, Sotchi : «Il s'agit d'une petite ville côtière qui jusque-là n'était pas très connue. Mais grâce aux travaux titanesques qui y ont été réalisés pour les Olympiades de 2014, elle deviendra probablement un important pôle touristique au cours des prochaines années. D'ailleurs, certains la qualifient déjà de nouvelle «french riviera». Roland Louvet espère que la construction de ces nouveaux complexes sportifs permettent le développement touristique de différentes villes à travers tout le pays.