Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a lancé, mardi dans une déclaration à l'occasion de la Journée du Chahid, une série de mises en garde doublées d'appels au peuple et aux institutions de l'Etat les invitant à tout faire pour préserver la stabilité dans le pays, à l'approche de l'élection présidentielle du 17 avril. Le climat d'effervescence sociale, politique et médiatique qui précède cette échéance, "déterminante" aux yeux du chef de l'Etat, présente en effet certaines manifestations, écrits et déclarations que d'aucuns qualifient de contraires à l'esprit de responsabilité et de sérénité devant guider, dans une République, les différents acteurs en présence pour le déroulement normal d'un vote, si crucial soit-il. C'est d'ailleurs, pour reprendre les termes du Président, dans un contexte de "confusion" et de "manœuvres de désinformation internes et externes arguant de l'existence de conflits aux conséquences redoutables entre les hautes institutions du pays" que le président de la République s'est dit "obligé" de s'exprimer "afin de rétablir les choses dans leur juste perspective". Sur un ton ferme et solennel, M. Bouteflika a parlé tout à la fois de "thèses subversives", de "nouveaux dangers générés par la division", de "rivalités suscitées par des visions antagoniques", de "fitna provoquée par des divergences d'opinion", de "tentatives de déstabilisation", d'"opérations d'intoxication et de manipulation des faits", de velléités de "créer la confusion et générer la peur". Le chef de l'Etat ne remet pas en cause, ce faisant, le droit de chacun de s'exprimer librement sur le présent et l'avenir du pays. C'est même "une chance que la différence et la diversité d'opinion existent", déclare-t-il tout en mettant en garde cependant contre toute forme d'"atteinte aux constantes et aux symboles de la nation et à ses institutions". Comme il a déjà eu à le faire la semaine dernière, le président de la République a averti, dans les mêmes termes, que "nul n'est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de s'en prendre aux institutions constitutionnelles du pays qui ne font qu'accomplir leur devoir au service de la nation". L'avertissement du premier magistrat du pays vaut aussi pour toute tentative d'attentat aux "fondements de l'édifice républicain ou aux acquis" tout comme "nul n'est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de se placer au-dessus des dispositions de la Constitution et des lois de la République". Ces clarifications faites, le Président a multiplié, dans sa déclaration, les appels aux citoyens, aux forces organisées et aux institutions leur demandant instamment d'y faire face. "Nous devons, tous ensemble en tant que citoyens, retrouver l'esprit patriotique, vital pour empêcher toute atteinte à la stabilité de la nation", a-t-il clamé. Le peuple est aussi invité à "prendre conscience des véritables enjeux qui se cachent derrière les opinions et les commentaires, faits au nom de la liberté d'expression mais visant, en réalité, des objectifs autrement plus sournois, qui ciblent la stabilité et l'affaiblissement du système de défense et de sécurité nationale". Aux cadres de l'Etat, civils ou militaires, M. Bouteflika demandera à eux aussi de "prendre conscience des enjeux et d'agir, chacun en fonction de sa position, pour la consolidation de la stabilité et de la paix qui sont le bien commun de tous les Algériens", dira-t-il. Il leur faut également "se hisser au niveau de responsabilité qu'impose la défense de l'intérêt général", car "c'est le devoir qui l'impose, en cette période qui doit permettre aux Algériens d'exprimer leur volonté en toute souveraineté". Les appels du chef de l'Etat vont aussi aux parties concernées par le prochain scrutin présidentiel (commission, administration, organisations sociales, médias, partis, candidats, électeurs...), ainsi priées de s'armer du sens de la responsabilité pour une consultation dans laquelle, souhaite-t-il, "prévaudra la civilité" et viendrait se confirmer la "maturité démocratique du peuple algérien".