Ce n'est pas vraiment dans la vocation de la tripartite de consacrer le «retour» du crédit à la consommation, mais ce n'est pas important, il en sera ainsi quand même ! Ce n'est pas nouveau que cet épisodique rendez-vous à trois se trompe de mission. Pas si épisodique que ça, puisqu'il arrive qu'il soit programmé en dehors de ses échéances régulières, quand la «conjoncture» l'impose. Et ça arrive trop souvent, puisque de manière générale, elle répond rarement à des impératifs économiques ou des périodes de tension sociale. On n'en est pas à une erreur de vocation près. Qui a parlé d'économie ? Qui a parlé de tension sociale ? Il n'y a que l'utilité du moment qui compte. Quitte à se faire violence. Quitte à pousser l'aberration jusqu'à son paroxysme caricatural. Sinon «le» partenaire social ne prendrait pas son bâton de pèlerin pour annoncer, avec son air le plus sérieux, les… résultats d'une tripartite enivrants de bonheur des semaines avant le début des «négociations». Mais qui a parlé de négociations ? Qui a parlé de négociations puisque c'est main dans la main que le patron (tiens !) de l'UGTA, le ministre de l'Industrie, le ministre du Travail et parfois le ministre du… Commerce s'en vont annoncer les bonnes nouvelles à guetter pendant que le Premier ministre et le patronat ignorent superbement l'entreprise, l'emploi réel, la performance et la productivité ? Qu'y a-t-il à négocier puisqu'on a déjà supprimé «le 87 bis» ? Vous ne connaissez pas l'article 87 bis du code du travail ? C'est ce «machin» qui permet d'augmenter le SNMG qu'aucun salarié ne touche sans augmenter les salaires dont personne n'est satisfait. Il paraît que «le» syndicat a toujours demandé sa suppression. Mais il paraît aussi que le patronat demande toujours son maintien. Et le gouvernement alors ? Il ne pense rien, il fait de la politique. A coups de générosités inexpliquées et coups de matraques insupportables. Les salariés se moquent du 87 bis, seules comptent ses déclinaisons immédiates. Sonnantes et trébuchantes. On ne lui a pas appris à préserver l'entreprise, on ne lui a pas appris à penser à un plan de carrière. C'est difficile, avec des patrons qui s'accommodent, comme eux, de l'immédiat. On ne demande pas la trajectoire d'un bateau qui navigue à vue. La tripartite va composter un billet tiré ailleurs. Le crédit à la consommation sera rétabli pour «la production nationale». Quand on somme des entreprises sous perfusion et masque à oxygène, il n'est pas bien difficile de sommer des banques de donner des crédits. Quelles banques ? Qui a parlé de banques ? On fait de la politique. La preuve ? Il y a même une élection présidentielle moins de deux mois après la tripartite, tiens ! Moins de deux mois après la tripartite et un semestre avant la sortie de la Renault Symbol oranaise, si Dieu n'y voit pas d'inconvénient. Pour le reste des «produits locaux» accessibles aux chèques des banques publiques, il faudra bien les chercher. Et si possible, les trouver. Sinon, la «mesure» servira toujours. Comme énième coffre-fort aux petits et grands trafics «légaux». Comment on va faire pour contrôler les achats à crédit et s'assurer que c'est bien un produit «local» qui a été réglé par l'argent emprunté aux banques ? Mais qui a parlé de contrôle ? C'est bien le même gouvernement en pleine phobie de printemps arabe qui a «rassuré» les grossistes qu'il ne leur sera jamais demandé de régler leurs transactions par chèque, ni de présenter les factures de leurs achats, non ? Et de printemps en printemps, qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour le prochain ! La tripartite est déjà une autre histoire. Slimane Laouari