Les salaires n'arrivent pas à couvrir les dépenses minimales du mois. Selon les entreprises et les résultats des négociations avec les partenaires sociaux (la force des sections syndicales et leur énergie), selon leur santé financière aussi, les salaires diffèrent d'une entreprise à l'autre, assure le SG de l'union locale UGTA qui assure que “dans certaines entreprises publiques, le salaire de base ne dépasse pas les 8 000 Da/mois, hors primes. À ce salaire, il faudra ajouter toutes les primes (PRI, PRC, IEP, nuisance, panier, etc.) pour que l'entreprise soit en conformité avec l'article 87 bis de la loi 90-11 et le SNMG”. M. Mokdad Messaoudi, SG de l'union locale UGTA de Rouiba, ajoute que “ceux qui perçoivent un salaire convenable doivent en reverser 25% d'IRG au fisc”. D'après les mêmes sources syndicales, l'écart entre les salaires les plus faibles et les salaires les plus élevés est significatif et atteint parfois, pour les cadres dirigeants, 10 fois le SNMG, sans compter les diverses primes. La prime de représentation, à elle seule, équivaut au SNMG. Malgré tout, “la grille des salaires est équilibrée dans chaque entreprise publique prise à part. Mais des écarts importants existent entre les salaires accordés par les entreprises à leurs travailleurs”. “ce qui explique le nomadisme qui règne dans la zone industrielle de Rouiba. Un nomadisme qui signifie perte de personnel qualifié, difficilement remplaçable, pour les unes, et pain béni pour les entreprises qui recrutent pour quelques deniers de plus du personnel qualifié qu'elles n'ont pas formé.” Selon M. Messaoudi, “les salaires actuels n'arrivent pas à couvrir les dépenses essentielles d'une semaine d'un travailleur père de famille, ou même célibataire. D'où notre revendication première qui se résume en l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11, en plus de l'allégement de l'IRG pour les travailleurs. Le salarié paye en IRG, directement ponctionnée sur son salaire à la source, plus que les plus gros commerçants de la région.” Selon le SG de l'union locale UGTA de Rouiba, “les négociations salariales, malgré les échéances convenues entre la Centrale syndicale et les partenaires employeurs gouvernement/ patronat, au sein de la tripartite, sont en train de piétiner, alors que les travailleurs attendent impatiemment les résultats de ces négociations dont ils espèrent beaucoup, afin d'améliorer leur pouvoir d'achat. Je l'affirme haut et fort, nous sommes assis sur une véritable poudrière, à Dieu ne plaise !” Concernant le secteur privé exerçant dans la zone industrielle de Rouiba, il existe un gros problème à propos des négociations qui devaient se dérouler au niveau des entreprises. En effet, selon le SG de l'union locale UGTA, “une partie des employeurs privés de la zonne industrielle de Rouiba déclare ne pas reconnaître le délégué patronal à la dernière tripartite (qui s'est déroulée en décembre 2009), parce qu'il ne ferait pas partie du patronat qui a négocié durant cette même tripartite. Encore un imbroglio ou casse-tête en plus de ceux qui existent déjà. Certains patrons privés ne veulent même pas entendre parler de la création d'une section syndicale. Dès qu'il y a la moindre velléité de création d'une section syndicale, c'est le licenciement pur et simple, en dépit de la loi 90-11 qui, pourtant, autorise et encourage la mise en place de sections syndicales sous certaines réserves réglementaires d'effectif, etc. Certains patrons ne déclarent même pas leurs travailleurs. Nombre de ces patrons sont en infraction au niveau de la zone industrielle de Rouiba”. Toute la problématique salariale est résumée par ce drame quotidien des travailleurs sous-payés et qui ne pourront pas prétendre à une augmentation de salaire puisqu'ils ne sont même pas déclarés. Le SG de l'union locale UGTA note que “si les salaires des petits travailleurs (non qualifiés) sont dérisoires, ceux de l'encadrement sont élevés. Une façon de pomper les compétences du secteur public industriel, sans trop d'efforts”. Un secteur public, devrait-on ajouter, qui ne peut pas se défendre à cause de la rigidité structurelle de sa grille des salaires qui est conçue, débattue et arrêtée ailleurs que dans l'entreprise, le plus souvent. Ce qui vide le management de l'entreprise de l'essentiel : sa capacité à faire face avec rapidité et souplesse aux aléas du marché du travail de plus en plus volatil et soumis au nomadisme, selon l'offre et la demande et le diktat du plus offrant. Ce qui rend de plus en plus caduques toutes ces rencontres périodiques, bi ou tripartites devenues, à force de s'éloigner des véritables enjeux du monde du travail, vaines messes basses.