Pas de bateau pour y mener, comme pour l'Australie. Pourtant, c'est loin aussi. L'aventure canadienne a abondamment fertilisé l'imaginaire algérien. Fantasmagorie, compensation onirique aux frustrations locales, culte de «l'au-delà des mers» salvateur ? Peu importe. Des milliers, voire des millions d'Algériens ont un jour caressé le rêve de jeter leurs amarres sur les rives du Saint-Laurent. Quelque 50 000 d'entre eux y sont parvenus. Mais l'histoire de notre pays avec la terre de «l'érable roi» n'est pas qu'une histoire de désir d'émigration. C'est également une histoire de relations entre deux Etats souverains. C'est une histoire de coopération multiforme et d'échanges commerciaux. Aujourd'hui, grâce aux passerelles jetées par notre communauté, au Québec notamment, deux liaisons aériennes hebdomadaires, assurée par Air Algérie, relient Montréal à Alger. Le Canada, par le truchement de son Agence de développement international (ACDI), intervient en Algérie dans le développement du secteur privé, par l'intermédiaire de la formation professionnelle. Dans ce contexte, les autorités algériennes ont retenu l'expertise canadienne, en la matière, pour l'accompagner dans la réforme en cours. Une réforme qui a des implications économiques et sociales profondes. Elle est une des clés de voûte de la transition vers une économie ouverte de marché. L'ACDI, grâce au Fonds d'appui à la société civile, est l'un des rares bailleurs de fonds à travailler dans le domaine de la promotion des droits de la personne, plus particulièrement ceux des femmes et des enfants. Ce fonds vise à développer les capacités du mouvement associatif, locomotive de changements sociaux, à un moment crucial de la transition démocratique dans notre pays. A ce projet, vient s'ajouter le Fonds canadien d'initiatives locales, qui finance de petits projets soumis par la société civile algérienne, principalement dans l'éducation et la santé. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont, pour leur part, observé un bond qualitatif certain. Ils ont atteint, en 2007, hors hydrocarbures, le seuil du milliard de dollars. Quant aux échanges globaux, ils cumulent un chiffre d'affaires annuel de 3 milliards de dollars, faisant de l'Algérie le premier partenaire économique du Canada, de la zone Afrique-Moyen-Orient. «Les industriels canadiens devraient se déplacer en Algérie pour prendre connaissance des opportunités d'investissements. L'Algérie est vraiment un pays qui est en chantier». C'est ainsi que s'exprimait Michäelle Jean, la gouvernante générale du Canada, lors de sa visite à Alger, en novembre 2006. Ceci était annonciateur d'avantage de coopération entre les deux pays. C'est ainsi que les passerelles fondées par les migrants sont devenues celles des hommes d'affaires, des scientifiques, des artistes et de tous ceux à même de renforcer l'amitié des deux côtés de l'Atlantique.