Le Premier ministre Abdelmalek Sellal vient d'achever une tournée nationale inédite qui l'aura mené, en une quinzaine de mois, dans les 48 wilayas du pays, avec la satisfaction déclarée d'avoir compris l'Algérie profonde, ses difficultés et ses réussites, ce qu'elle a réalisé ou manqué et ce à quoi elle aspire. L'Algérie "est aujourd'hui un grand chantier et le peuple algérien croit maintenant en son développement socio-économique" présent et à venir, a résumé M. Sellal, jeudi à Tipasa, où prenait fin son long périple dont la motivation principale était la nécessité stratégique de rattraper au plus vite les retards accumulés pour pouvoir préserver une "stabilité" politique, sociale et sécuritaire chèrement acquise. "L'Algérie s'est engagée sur la voie du développement, du progrès, de la paix et de la sécurité dans un contexte géostratégique extrêmement tendu, et ce sera difficile de poursuivre notre marche si nous ne parvenons pas à préserver cette stabilité", a soutenu le chef de l'Exécutif en guise de conclusion puisée des réalités du terrain qu'il a eu à côtoyer pendant ses visites. Ces dernières lui auront permis d'inspecter les chantiers en cours, dans le cadre de l'exécution du programme du président de la République, mais aussi d'inaugurer aussi bien de grands projets structurants que de petites structures de proximité nécessaires à la création d'activités et au développement humain au niveau local. Le Premier ministre s'est intéressé plus particulièrement à des secteurs névralgiques mais un peu en retrait des priorités absolues de ces dernières années, à l'instar de l'enseignement supérieur, des infrastructures de santé, de l'agriculture ou encore de l'urbanisme, des domaines où il n'a pas hésité à relever les tares qui peuvent les caractériser et à instruire les cadres concernés d'y remédier sans délai. C'était l'occasion aussi de tester une démarche nouvelle, celle qui a consisté à rencontrer, à chaque escale, les représentants des principales forces vives locales pour les faire participer au débat sur le développement des régions, chacune selon ses potentialités, ses besoins et ses spécificités. M. Sellal a tiré profit de ces conclaves avec la société civile pour diffuser, avec le style et le langage qui sont les siens, un discours novateur sur la politique économique et sociale du gouvernement, et sa volonté d'améliorer à tout prix les conditions de vie des Algériens pour mieux asseoir les principes de démocratie, de justice, de bonne gouvernance et de liberté d'expression, comme il a eu à l'affirmer à maintes reprises. La "détermination" des autorités politiques à lutter contre tout ce qui entrave le développement et l'entrée réussie de l'Algérie dans la mondialisation des échanges, en particulier la bureaucratie et la corruption, aura également dominé les interventions de M. Sellal, dont le message était de dire, en définitive, la volonté de son équipe d'aider à renforcer les liens de confiance entre le peuple et ses gouvernants. Les très nombreux propos et suggestions formulés dans les wilayas par M. Sellal à propos de secteurs comme l'université, les terres agricoles ou les hôpitaux notamment, dénotent visiblement d'une prise de conscience au sein de l'Etat de l'urgence qu'il y a aujourd'hui à opérer les nécessaires rattrapages dans des domaines où les investissements publics ont été colossaux mais n'ont pas permis d'éliminer tous les dysfonctionnements. Les programmes complémentaires qui se chiffrent en centaines de milliards de dinars pour les 48 wilayas (à raison de quelque 30 milliards par wilaya), accordés à l'occasion de ces visites, sont destinés précisément à ces actions de redressement de secteurs où les retards peuvent être les plus pénalisants pour la poursuite du développement et la création d'emploi dans chaque wilaya considérée. Et comme pour lever tout malentendu ou suspicion à ce sujet, M. Sellal ne cessera de répéter, là où il va, son refus catégorique de se considérer en campagne électorale ou d'accepter l'idée selon laquelle il ne sillonnerait le pays que pour "distribuer des enveloppes budgétaires", autrement dit pour tenter d'acheter les consciences à l'approche de l'élection présidentielle du 17 avril. Ses déplacements sont à inscrire, assurait-il, dans l'agenda normal de tout gouvernement normal et résultent, plus précisément, des "orientations du président de la République en faveur de l'intensification de l'action de proximité pour l'inspection des projets", l'accélération du développement et la consolidation de la sérénité retrouvée. "Nous avons un programme et nous nous sommes engagés devant le Parlement et le président de la République à le réaliser dans les 48 wilayas et les 1541 communes", a asséné M. Sellal au cours de l'une de ses haltes.