Les quatre humanitaires de Médecins sans frontières (MSF) pris en otages au Darfour « n'ont pas encore été libérés» mais le seront «bientôt», a affirmé hier un responsable soudanais contredisant l'annonce la veille de leur libération par la diplomatie italienne. «Ils n'ont pas encore été libérés mais ils le seront bientôt. Ils sont en bonne santé», a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat. Le porte-parole de la diplomatie soudanaise, Ali Sadiq, a dit «espérer» leur libération au cours de la journée. Cinq membres de MSF, un Français, un Italien, une Canadienne et deux Soudanais, ont été enlevés mercredi par des hommes armés à Saraf Umra, dans le secteur de Kabkabiya, à la lisière du Darfour-Nord et du Darfour-Sud, à une centaine de kilomètres à l'est du Tchad voisin. Les autorités avaient annoncé que les deux Soudanais avaient été libérés, mais MSF avait indiqué ensuite que l'un d'eux était toujours aux mains des ravisseurs. A Rome, les Affaires étrangères ont annoncé vendredi soir la libération sains et saufs des quatre otages citant des sources gouvernementales soudanaises, mais a plus tard indiqué «qu'en l'absence de contacts entre MSF et ses membres, il cherchait à vérifier ses informations». Hier matin, elles ont encore précisé dans une note qu'après «des vérifications (...), il n'a pas été possible d'établir un contact» avec les humanitaires de MSF. Le Canada et la France ont aussi dit avoir été «informés» par Khartoum de la libération des otages, mais ne pouvaient la confirmer. «De notre côté, rien n'a changé depuis hier soir», a déclaré samedi Koen Baetens, porte-parole de la section belge de MSF pour laquelle travaillent les humanitaires enlevés. Les autorités soudanaises ont accusé des «bandits» du rapt alors que des rebelles ont pointé en direction des milices arabes du secteur de Kabkabiya. Les convois du Programme alimentaire mondial (PAM), les voitures des ONG et les véhicules de la force de paix ONU-Union africaine sont souvent attaqués au Darfour par des bandits qui revendent les précieux véhicules sur le marché noir. Mais l'enlèvement d'Occidentaux était un phénomène rarissime depuis le début de la mission humanitaire dans ce territoire où vivent près de six millions de personnes dont 2,7 millions dans des camps de déplacés. L'enlèvement est survenu alors que les relations sont tendues entre Khartoum et l'Occident après l'expulsion de 13 des plus importantes ONG actives au Darfour, où la guerre civile a fait 300 000 morts depuis 2003 selon l'ONU. Khartoum chiffre le nombre des morts à 10 000. Ces expulsions font suite au mandat d'arrêt délivré le 4 mars par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Omar El Béchir pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour. L'ONU estime déjà à plus d'un million le nombre de personnes affectées par l'expulsion des ONG. Khartoum conteste ce chiffre et assure être en mesure de «combler le vide» laissé par le départ des ONG qui mettaient en œuvre des programmes de l'ONU, comme la distribution des denrées alimentaires. Les sections française et néerlandaise de MSF figurent parmi les ONG expulsées, alors que les divisions suisse, belge et espagnole ont annoncé leur retrait provisoire du Darfour.