En lieu et place de discours politiques et de présentation de programme, le candidat à l'élection présidentielle du 17 avril, Ali Benflis, fait carrément dans l'appel à la violence, dans plusieurs de ses meetings. Des esprits sont chauffés à blanc et certains «partisans» de ce candidat, ceux favorables au retour de l'ex-FIS sur la scène politique, et également des adeptes du «printemps arabe» en Algérie sont passés à l'acte. Les événements qui ont eu lieu à Marseille et à Béjaïa, hier, sont les prémices d'un grave dérapage qui se prépare dans la clandestinité en vue d'une «insurrection» en cas de l'élection de Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat. La diffusion récente sur Youtube d'un email adressé par l'une des personnes chargées de la direction de campagne de Ali Benflis adressé aux chaînes de télévision satellitaires Al Jazeera et Al Arabiya, demandant le soutien médiatique à la candidature de l'ex-chef du gouvernement, entrerait dans le cadre de préparatifs qui dépassent le cadre de campagne électorale. Des préparatifs qui prévoient, selon des sources, l'occupation de la rue et une «insurrection» en cas de victoire du Président-candidat. «Jusqu' à maintenant, j'arrive à les retenir mais si nous soupçonnons la moindre fraude dans cette élection, nous occuperons la rue et cette fois je ne vais pas me taire», avait récemment déclaré Ali Benflis lors d'un de ses meetings. Une «insurrection» qui s'inspire de celle menée par l'ex-FIS à la place du 1er-Mai, au début des années 1990 et qui s'est soldée par de nombreux morts et blessés. Le même FIS-dissous que Ali Benflis envisage de «réhabiliter» s' il est élu président de la République. Pas plus tard qu'avant-hier, ce candidat a réitéré sa volonté de «réhabiliter» ce parti dissous dans une déclaration faite à la chaîne de télévision France 24. Des contacts avec des militants de l'ex-FIS pour préparer une «insurrection» Si des sources font état de stockage de tentes pour les dresser le jour de l'annonce officielle des résultats de cette élection, à la place de la Grande-Poste, certaines sources évoquent des contacts entre des partisans de Ali Benflis et des militants de l'ex-FIS pour dresser, ensemble, ces tentes. Au programme de ce plan provocateur, le harcèlement des forces de sécurité pour les contraindre à intervenir et là, Al Jazeera comme Al Arabiya se chargeront du reste pour présenter cette situation comme une «révolte populaire» contre le quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika, dénonçant ce que sera présenté comme «violente répression d'une manifestation pacifique» et conclure que «l'Algérie a enfin son printemps arabe». Un plan machiavélique pour lequel certains «militants» ont déjà contacté des «oulémas» d'Arabie saoudite connus pour leur fervent engagement pour le «printemps arabe» et les guerres comme celle menée par Al Qaïda contre la Syrie. Selon ce plan, Ali Benflis sera présenté comme «représentant de l'opposition» et sera nommé «président par intérim» pendant au moins la «période de transition» réclamée mystérieusement par plusieurs voix ces derniers temps. Le meeting de Abdelmalek Sellal à Béjaïa empêché par la force Au moment où ces appels se font insistants, les appels à la violence se poursuivent. Les conséquences commencent à être perceptibles avec, notamment, les événements survenus hier à Béjaïa. La Maison de la culture de Béjaïa, qui devait accueillir hier un meeting de Abdelmalek Sellal, directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika, a été encerclé par un groupe d'individus qui a empêché l'accès à ce lieu et refusant également les personnes se trouvant à l'intérieur, dont des journalistes, de quitter les lieux. La direction de campagne de Abdelaziz Bouteflika a réagi hier, dans un communiqué, annonçant que «le directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, Abdelmalek Sellal, a dû, ce jour 5 avril 2014, annuler le meeting populaire qui devait se dérouler ce matin à Béjaïa du fait d'un attroupement hostile et violent autour de la Maison de la culture, lieu où était programmé le meeting». «Monsieur Abdelmalek Sellal a pris cette sage décision afin de préserver les citoyens de Béjaïa d'une manifestation de violence dont les artisans n'étaient autres que les fascistes tenants du boycott, Barakat, secondés par leurs nervis du MAK», est-il ajouté dans ce communiqué. Selon ce communiqué, «les agresseurs attroupés autour de la salle de la Maison de la culture, brandissant des pancartes contre l'élection, se sont servis de projectiles, agressant des citoyens et blessant, policiers et journalistes, dont un a eu le bras fracturé». Abdeslam Bouchouareb, directeur de la communication de la campagne électorale de Abdelaziz Bouteflika a, lui également, réagi hier dans un communique. «Suite aux actes d'agression commis par des groupuscules fascistes de Barakat et du MAK contre les citoyens de Béjaïa, les journalistes ainsi que la délégation accompagnant le directeur de campagne et représentant de Abdelaziz Bouteflika, nous condamnons avec fermeté ces agissements et dénonçons leurs auteurs qui semblent s'inscrire dans un agenda qui ne correspond nullement aux agendas politiques des Algériens jaloux de leur pays et de leur démocratie», est-il écrit dans ce communiqué. «Nous tenons à préciser que le directeur de campagne a évité de tenir ce meeting afin de préserver et protéger la population de Béjaïa, les journalistes ainsi que les membres de sa délégation», est-il ajouté dans ce document. «Notez bien que par ces actes intolérants, les auteurs de cette violence, qui prétendent porter des revendications démocratiques, sont l'antinomie même de la démocratie, puisqu'ils empêchent d'autres citoyens de s'exprimer», écrit encore le directeur de la communication. Des prémices d'une violence programmée et planifiée pour éclater le 17 avril 2014 au cas où Abdelaziz Bouteflika est élu pour un quatrième mandat à la tête de la présidence de la République et, par là, tenter de plonger le pays dans le «chaos». Le rôle de Ali Benflis dans ce plan manipulateur semble être joué avec beaucoup d'enthousiasme par ce dernier.