Les forces de l'ordre fidèles à Kiev ont lancé depuis samedi soir à Slaviansk (région de Donetsk, à l'est de l'Ukraine) une opération spéciale contre les partisans de la fédéralisation. Elle a fait des «morts et des blessés» des deux côtés, a indiqué le ministre de l'Intérieur ukrainien. Selon Reuters, un policier ukrainien a été tué et cinq autres personnes sont blessées. En lançant une «opération antiterroriste» à Slaviansk, les autorités de Kiev ont en réalité entamé une guerre contre leur propre peuple, ce qui pourrait être classé comme un crime contre l'humanité, a estimé hier le rédacteur en chef de la revue russe Défense nationale Igor Korotchenko. «Tout ce que se passe actuellement à Slaviansk démontre que le régime de Kiev a lancé une guerre contre son propre peuple (…). L'opération antiterroriste ne peut être menée que contre les terroristes, alors qu'à Slaviansk il y a des actions des habitants qui revendiquent simplement leur droit de décider du sort de la terre qu'ils habitent. A Slaviansk, une opération de forces de l'ordre est lancée contre la population pacifique, impliquant des unités spéciales, des blindés et des hélicoptères de combat», a indiqué à RIA Novosti M. Korotchenko. L'expert a estimé que les responsables qui dirigent l'opération, à savoir le chef du Service de la sécurité ukrainien Valentin Nalivaïtchenko et le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov, étaient en train de commettre «un crime contre l'humanité» et de ce fait devaient être traduits devant la justice internationale. «Il faut obtenir que Nalivaïtchenko et Avakov soient traduits devant la Cour pénale internationale de La Haye. Pour cela, il est extrêmement important d'enregistrer par documents les crimes commis par eux sur le territoire de l'Ukraine de l'Est. A cette fin, une commission internationale devrait être formée sans délai qui procéderait d'urgence à enquêter sur les événements à Slaviansk», a souligné l'expert russe. membres du groupe ultranationaliste Pravy Sector (Secteur droit) sont arrivés à Slaviansk pour participer à l'opération spéciale lancée contre les protestataires, a annoncé hier à RIA Novosti un coordinateur du groupe Vladimir Karassev. «Slaviansk nous informe que près de 150 hommes en uniforme noir sont arrivés à l'aéroport. Selon toute apparence, ce sont des membres du Pravy sector», a indiqué par téléphone l'interlocuteur de l'agence. Selon lui, il n'est pas exclu que les ultranationalistes soient placés sous les ordres du Service de la sécurité ukrainien (SBU). «Cela m'étonnerait que Pravy sector ose donner l'assaut sans être soutenu par la police et le SBU. Ils n'attaqueront jamais les premiers», a souligné l'interlocuteur. Hier, le leader du Pravy sector Dmitri Iaroch a annoncé la mobilisation générale de toutes les structures de son organisation à la suite des récents événements dans le sud-est de l'Ukraine, dont les habitants réclament la fédéralisation du pays. Ceci au moment où les forces antiémeute de Donetsk (Est de l'Ukraine) ont refusé d'obéir à leurs chefs et, après avoir mis les rubans orange et noir des partisans pro-russes, ont annoncé qu'ils soutenaient les revendications des protestataires. «Nous refusons de disperser les manifestants pacifiques, car nous ne voulons pas qu'ils se comportent à notre égard comme les putschistes de Maïdan», a déclaré un membre des forces de l'ordre. «Nous refusons d'obéir aux autorités de Kiev, car nous contestons leur légitimité», a ajouté son collègue. Plusieurs centaines de partisans de la fédéralisation se sont rassemblés, des drapeaux russes à la main, devant l'antenne locale du Service de sécurité ukrainien. Depuis quelques semaines, les régions de l'Est et du Sud de l'Ukraine connaissent une mobilisation de militants qui réclament la tenue de référendums sur le statut de leurs régions, à l'instar de celui organisé en Crimée. Les manifestants ont pris le contrôle de bâtiments administratifs à Donetsk et se sont emparés des locaux du Service de sécurité ukrainien (SBU) à Lougansk. Les autorités ukrainiennes menacent de monter à l'assaut pour déloger les protestataires.