L'alarme concernant l'effet des toxines sur les espèces maritimes n'est apparemment pas fondée. Rappelons que ces derniers temps des algues toxiques sont à l'origine de la fuite d'un grand nombre de poissons – particulièrement la sardine – des côtes algériennes vers des espaces maritimes plus surs de la Méditerrané. Ces algues seraient à l'origine de la rareté de certaines variétés de poissons. Interrogés, des spécialistes des sciences de la mer ont affirmé qu'il n'en était rien et ne semblaient pas pour autant alarmés. Selon ces derniers, le phénomène de la toxicité survient particulièrement durant la saison estivale. D'après Rachid Zemroud, professeur d'écologie à l'Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral, (Essmal), le taux de concentration de l'algue toxique est extrêmement bas en hiver. C'est en général en été et sous conditions que les toxines se propagent dans le milieu maritime. En effet, «sous l'effet de la chaleur, les algues toxiques se multiplient suite à une température surélevée sur plusieurs semaines. On ne peut parler donc de toxicité qu'après seulement quelques jours d'ensoleillement», précise le professeur. Il explique, en outre, que la toxicité des algues est fréquente spécialement dans les eaux stagnantes et usées. C'est dans les milieux maritimes «calmes», tels le port et les baies fermées où il n'y a pas «d'hydro-ouverture» que les algues toxiques font leur apparition. Leur prolifération forme ainsi des «eaux rouges». Cette formation est liée à une accumulation d'un certain nombre d'espèces dont «les dinoflagellés» ou «pérédiniens», groupes dans lesquels on peut trouver une espèce d'algues toxiques en Méditerranée. Cette toxicité ne touche pas directement l'homme. Il y a une chaîne «trophique» ou intermédiaire. C'est-à-dire que ces algues vont s'accumuler dans des filtres, dont les moules et les huîtres. En consommant ces fruits de mer, l'homme peut tomber malade (diarrhée aiguë, vomissements répétés ou intoxications qui peuvent conduire jusqu'à la mort). M. Zemroud précise par ailleurs que pareils incidents nécessitent de grandes analyses par des spécialistes. C'est le cas en France où la consommation des fruits de mer est très répandue. «S'il n'y a pas autant d'analyses, c'est tout simplement parce qu'il n'y a pas une forte demande en crustacés. Et tant qu'il n'y pas d'étude, il ne faudrait pas avancer un événement dont on n'a pas la certitude», constate-t-il. Et d'ajouter : «Les algues toxiques n'ont rien à voir avec la baisse des variétés de poissons dans notre littoral. D'autres phénomènes naturels telles que les mauvaises intempéries pourraient expliquer cette diminution. La turbidité (manque de transparence de l'eau) par exemple, ainsi que les apports terrigènes (bassins et oueds qui se déversent dans la mer pendant les pluies diluviennes) y sont pour beaucoup». Mlle Ould Ahmed Noura, spécialiste en algologie à l'Essmal aborde le sujet dans le même sens, en expliquant que «les toxines dans les algues concernent les espèces herbivores tels que les oursins. Les carnivores, telle que la sardine, s'alimentent d'espèces herbivores intoxiquées qui leur transmettent ainsi leur toxicité».Elle précisera enfin que la pollution des «eaux rousses» ou polluée par ces toxines n'est nullement irréversible. Ce phénomène s'arrête au bout de 48 heures.