On a désormais toutes les preuves pour affirmer que l'eau de lest véhicule des organismes marins autres que des algues microscopiques, comme d'autres espèces d'algues, de poissons, de crustacés, d'étoiles de mer et de mollusques. En février 2004, l'Organisation maritime internationale ratifiait l'adoption de directives sur les procédures concernant les eaux de lest par les vraquiers. Ces mesures visent à réduire le risque de pénétration de substances nuisibles, en recommandant diverses pratiques comme le délestage en mer (réalisable uniquement sur les navires dont la capacité dépasse les 40 000 tonnes en lourd), le déballastage en eaux profondes et le lavage des sédiments accumulés dans les cuves loin des fermes d'aquaculture fragiles ou des parcs marins. La plus efficace des mesures pour éviter la propagation des tests de microplancton par les eaux de ballast des navires consisterait à éviter de pomper de l'eau en période d'efflorescences toxiques dans les ports. On a également étudié des solutions faisant appel à la chaleur, au choc électrique ou au traitement chimique des eaux de ballast, soit en cale, soit dans des services à terre. Risques accrus : réalité ou mythe ? Que l'intensification apparente des efflorescences d'algues nocives dans le monde soit une réalité ou non, c'est une question à laquelle nous ne pourrons probablement pas répondre de façon décisive à court terme. Il est certain que notre désir d'utiliser plus massivement les eaux littorales aux fins de l'aquaculture nous incite à nous intéresser de plus près aux espèces d'algues toxiques. Les chercheurs observent aujourd'hui que les efflorescences d'algues nuisibles ont un impact sur la santé publique et sur l'économie, qui s'apparente à celui d'une véritable «épidémie» mondiale et qu'il est temps de réagir. Dans les pays qui jouissent d'une aquaculture épargnée par la maladie et la pollution, tout doit être fait pour isoler les zones d'aquaculture délicate par rapport à l'introduction non intentionnelle d'espèces d'algues exogènes. Aucune ferme d'aquaculture industrielle ne peut d'ailleurs se passer de vérifier qu'il ne pénètre pas un nombre accru d'espèces d'algues nuisibles dans l'eau et de toxines d'algues dans ses produits.Le plus important, c'est que les personnes chargées de fixer les quotas autorisés de polluants dans les eaux côtières ou de superviser les travaux agricoles et de déboisement devraient être informées du fait qu'en laissant les polluants chimiques s'infiltrer dans l'environnement, on risque d'accroître les risques d'efflorescences d'algues nuisibles. Enfin, les études portant sur El Niño, l'effet de serre, la disparition de l'ozone... devraient prendre en compte l'impact potentiel du changement climatique sur les épisodes d'efflorescences d'algues. On a lancé plusieurs nouveaux programmes internationaux pour étudier et gérer ce phénomène et ses rapports avec les changements de l'environnement, et ce, dans une perspective mondiale. C'est précisément ce que fait le programme sur les efflorescences d'algues nuisibles de la COI de l'Unesco.