Début avril, c'est traditionnellement pour tous les potaches et étudiants du monde entier l'occasion d'accrocher, malicieusement, un poisson en papier dans le dos de leurs professeurs. Très souvent ces derniers se prêtent au jeu… Ce 2 avril, à Londres, les pays du G-20, qui représentent plus de 80% de l'économie mondiale, se rencontreront afin de voir comment utiliser, au mieux, toutes les armes possibles contre la crise ; pour tenter de restaurer la confiance mondiale, véritable clef de la reprise économique. Trouveront-ils, à ce moment-là, encore la force de plaisanter face à un «crash» qui ne dit pas son nom ? Ou bien se contenteront-ils de triturer pendant les débats, des «cocottes en papier» ? En tout cas, les pays émergents qui sont invités à Londres ne veulent pas passer l'occasion. Un Brésil, Russie, Inde, Chine à brac pour la galerie ? Au cours de la réunion préparatoire de samedi où les grands argentiers de ce monde s'étaient réunis, dans la banlieue londonienne, pour défricher les travaux du sommet, le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) a réclamé des droits. Et pas n'importe lesquels ! D'abord celui de vote au sein des organes décisionnaires du FMI par exemple et qui sont tous aujourd'hui encore détenus pour la majorité par les Occidentaux. Mais ces pays «invités» ont aussi critiqué à leur manière les politiques «protectionnistes» comme celles adoptées récemment par Sarkozy et qui leur paraissent des dangers réels pour leurs économies «émergentes». Apparemment, à la lecture du communiqué final, leurs «collègues» semblent vouloir leur donner satisfaction, puisqu'ils ont estimé que «la gouvernance du FMI doit mieux répercuter les changements dans l'économie mondiale». Des alliances traditionnelles Le G-20 s'est également engagé à «lutter contre le protectionnisme et à aider les économies émergentes et en développement à compenser le tarissement des flux de capitaux privés». Y a-t-il anguille sous roche ? S'agit-il là d'une première victoire ? Une victoire à la Pyrrhus ? Les pays émergents auront beau «se la jouer» ; les intérêts économiques et financiers des Etats-Unis, du Royaume-Uni et du Japon et ceux des européens divergent déjà beaucoup. Nos amis invités ne feront certainement pas le poids ne serait-ce que pour faire face à l'alliance franco-germanique par exemple, pour ne citer que cet axe complice… Mais le sommet londonien de ce 2 avril nous en dira plus sur les objectifs des uns et des autres. Il est, en tout cas temps, que l'on nous dise tout, car, rappelez-vous, toutes les vérités que l'on nous a cachées avant que l'économie mondiale ne vole en éclats !!! Jacques Attali, un économiste, spécialiste français, né à Alger et à qui Sarkozy a fait appel pour lui confier la responsabilité d'un rapport destiné à «libérer la croissance française», a fait récemment une déclaration fracassante concernant le sommet de Londres. La domination du modèle anglo-saxon " Organiser le G20 à Londres revient à organiser une réunion d'alcooliques dans un bar. Nous vivons sous la domination du modèle anglo-saxon, qui n'a aucun intérêt à remettre en cause son propre système financier»,a-t-il dit, lors d'une intervention à Turin, au cours du congrès national des comptables italiens. Pour la petite histoire, Sarkozy qui trépigne avec l'impatience d'un enfant gâté, en attendant le sommet de Londres, pour espère-t-il, y rencontrer enfin son idole qui l'a tant boudé : Hussein Barak Obama, avait promis à Attali, au grand dam de beaucoup d'amis : «Tout ce que vous proposerez, je le ferai.» Quelle sera son attitude à Londres ? Lâchera-t-il Attali ? Gageons qu'il ne l'évoquera même pas, tout occupé qu'il sera à vouloir s'approcher au plus près de l'ombre du Grand Obama. Mais hélas pour le Français qui aura quand même tout fait – soyons honnêtes – pour plaire à l'Oncle Sam, avec notamment sa vocation atlantiste ; Obama a déjà choisi ! Il a choisi en fonction des intérêts de son pays, les USA. Et vous savez qui sera l'invité tant attendu et souhaité d'Hussein Barak Obama ? Dimitri Medvedev en vedette ? Le jeune Medvedev. Le Président Russe qui a été longuement briffé par son aîné le camarade Poutine. A tel point que déjà et – en prévision du sommet londonien ? – Dimitri a déjà annoncé la couleur. Il vient, en effet, d'avancer sur l'échiquier un premier pion en déclarant lors d'une réunion avec des hauts représentants du ministère russe de la Défense : «Qu'à partir de 2011, débutera un réarmement à grande échelle de l'armée et de la marine russe. Et toc ! Et pourquoi donc camarade Dimitri ?» Parce que l'Otan cherche toujours à accroître sa présence près de la Russie… Hé oui, on ne l'a fait pas comme cela aux camarades Poutine et Dimitri… N'oublions pas que Poutine est un terrible joueur d'échecs… Et il ne se laisse impressionner par personne. Surtout quand de trop nombreux territoires satellites de l'ex-Pacte de Varsovie veulent jouer dans la cour des grands ! Car, pourquoi, par exemple les Etats-Unis négocient-ils avec la Pologne et la République tchèque l'installation sur leur territoire de dix intercepteurs de missiles et d'un système de radar ? L'Iran comme prétexte américain ? Pour faire face à un éventuel tir de missile venant par exemple de l'Iran que les Occidentaux soupçonnent, par ailleurs, de vouloir se doter de l'arme atomique alors que Téhéran ne cesse de le nier ? Peut-être. Mais comme deux précautions valent mieux qu'une, nos amis russes, pas dupes pour une rouble ajoutent que : «L'analyse de la situation politico-militaire dans le monde a montré qu'il restait un potentiel de conflit sérieux dans certaines régions, alimenté par des crises locales et les tentatives incessantes de l'Otan de développer son infrastructure militaire près de la Russie.» Et là, les camarades Poutine et Medvedev ont de quoi s'inquiéter. D'autres comme Israël, le seraient pour moins que cela ; pensez donc à Ghaza ! La riposte ne se fait donc pas attendre et là, Medvedev avance d'autres pièces importantes et stratégiques sur l'échiquier. Les bases de Cuba et du Venezuela Ni d'une, ni de deux, mine de rien, il déclare par la voix de son chef d'état-major des forces aériennes stratégiques, le général Anatoli Jikharev que «la Russie pourrait utiliser des bases à Cuba et au Venezuela pour les missions de ses bombardiers stratégiques.» Holà ! De quoi faire hérisser les cheveux de tous les stratèges du Pentagone et de la CIA réunis ! Le général n'a pas précisé si les avions russes stationneraient de manière permanente sur ces bases ou s'ils s'en serviraient pour des escales. Mais il confirme que cette option est «envisageable avec Cuba» et que «s'il y a une volonté de la part des dirigeants des deux Etats, une volonté politique, nous sommes prêts à y voler.» Connaissant les positions du Lider Fidel, maximo et surtout celles de son frère cadet, le camarade Raul, je suis prêt à parier que les quatre ou cinq aérodromes cubains qui disposent de pistes de 4000 m de long et qui conviennent très bien à ce genre de tractations seront vite mises à la disposition de l'aviation russe amie. Mais le couple Poutine-Medvedev ne compte pas seulement sur Cuba pour faire monter la pression et les enchères. L'ami Hugo Chavez leur a déjà offert d'accueillir des bombardiers stratégiques russes sur son territoire. Chavez le rebelle, bête noire des Américains «Oui, une telle proposition du président du Venezuela existe, a encore répété le général Jirakhev et, s'il y a une décision politique appropriée, c'est possible même si, l'aérodrome local devrait être rénové avant de pouvoir accueillir les avions russes», a-t-il affirmé. Précisons qu'en septembre dernier, «deux bombardiers stratégiques russes TU-160 avaient effectué des vols d'entraînement à partir d'une base au Venezuela». Rappelons également, que l'ami Chavez jubile avec tout cela. Il veut, en effet, enrager l'Oncle Sam par ces actes, mais aussi lancer par-là même, des avertissements directs au Américains si orgueilleux et sûrs de leur supériorité. Le «Charles de Gaulle» de nouveau en cale sèche… Mais Medvedev a sans doute avancé sur l'échiquier sa «Reine» en précisant : «La principale tâche sera d'augmenter la capacité de combat de nos forces, et avant tout celles de nos forces stratégiques nucléaires. Elles doivent être capables de remplir toutes les tâches indispensables pour assurer la sécurité de la Russie.» Comme quoi, ce n'est pas demain la veille où les négociations sur un désarmement nucléaire à l'échelle des grands de ce monde se feront. Ces tensions aux relents de guerre froide seront-elles apaisées lors de la rencontre d'avril à Londres, entre Medvedev et Obama ? Washington et Moscou trouveront-elles un terrain d'entente en marge des tractations du G20 ? Rien n'est moins sûr, car Obama devra compter avec ses «argentiers», et nombreux parmi ces derniers, sont ceux qui font partie de lobbys dont l'un des plus importants et puissants reste le conglomérat militaro-industriel. Et lui se nourrit surtout de ventes d'armes ! Sarkozy a donc une chance, mince il est vrai, mais une chance quand même de rencontrer le grand Obama à Londres ; pour peu qu'il ait en tête d'acquérir un nouveau porte- avion ; le «Charles de Gaulle» ayant été renvoyé pour la énième fois en cale sèche.