Dans le pavillon viande et volaille, ce qui retient beaucoup plus l'attention du visiteur, c'est cette singulière gestion du bloc qui fait qu'un boucher a comme voisin immédiat un cordonnier ou un serrurier. Le marché couvert Ali Mellah de Sidi M'hamed mérite bien sa qualification de bazar. Malgré plusieurs opérations d'aménagement et de réaménagement initiées par l'APC, la structure, dont l'ouverture remonte à l'époque coloniale, a une organisation anarchique. Le moindre espace est en fait accaparé par de jeunes commerçants qui y installent des boutiques de fortune. La fièvre est tellement forte que même des entrées sont obstruées. Le plus important accès du marché (du côté de l'hôpital Mustapha Pacha) est encombré à cause de l'installation de plusieurs étals. Des boutiquiers exposant des effets vestimentaires pour femmes se sont ainsi emparé du couloir censé être réservé aux déplacements des clients. Dans toutes les allées du marché, les visiteurs se déplacent en jouant parfois des coudes. C'est que le commerce des effets vestimentaires prend de plus en plus de l'importante et de l'espace. Au départ, c'était tout un pavillon qui a été réservé à cette activité. Le bâtiment abrite actuellement plus de 200 boutiques de 2m⊃2; de superficie chacune. Les locataires ciblent essentiellement les femmes. Comme ces locaux ne suffisaient pas à répondre à toutes les sollicitations des jeunes de la commune, l'APC a fait construire un autre bloc attenant à l'ancien pavillon. Il s'agit tout simplement d'une extension de l'ancienne structure. D'ailleurs, rares sont les visiteurs qui le remarquent. Actuellement, une partie de ce chantier est en exploitation. Une simple clôture métallique sépare les deux parties du bâtiment. «L'APC a été mise devant le fait accompli. Les jeunes bénéficiaires de locaux ont fait une grande pression sur le maire pour que la partie achevée du nouveau bloc soit mise à leur disposition», a affirmé un commerçant. La fréquentation des boutiques nouvellement installées demeure timide de l'avis même des locataires. «On a l'impression de se risquer en allant plus loin. Les couloirs sont trop exigus et les produits exposés sont les mêmes d'un magasin à un autre», a indiqué un visiteur. En dehors des pavillons, les commerçants sont à la merci des changements climatiques. A chaque chute de pluie, il faut imaginer une solution pour éviter que sa marchandise ne soit abîmée. Face à l'indécision de l'APC, une solution provisoire a été préconisée : faire installer des plaques en zinc et des bâches en guise de toiture. Quand un boucher a comme voisin un cordonnier… Le manque d'organisation et l'absence d'un vrai projet d'aménagement du marché sont aggravés par le manque d'hygiène. Le problème se pose beaucoup plus du côté du pavillon de viande et de volaille. A l'entrée du pavillon, en venant du côté du bloc réservé à l'habillement, le visiteur est accueilli par des odeurs écœurantes. Ces odeurs qui peuvent provoquer la nausée se dégagent de la partie réservée à la poissonnerie. Ces derniers prolongent leur activité jusqu'à 13h30, comme c'était le cas mardi dernier. Juste après, les équipes communales de nettoyage interviennent sur les lieux, sans qu'elles arrivent à mettre terme à tous les relents qui s'y dégagent. De plus, le couloir attenant au même pavillon a été transformé en décharge sauvage. Malgré un portail scellé et une clôture faite de barreaux, les commerçants trouvent le moyen d'y jeter leurs déchets. «Chacun s'arrange comme il peut», a reconnu un locataire. L'absence de tout contrôle de l'APC en tant que propriétaire du marché a grandement favorisé la prolifération des décharges sauvages. Derrières les boutiques qui donnent sur la rue, l'on remarque des tas de cartons, des centaines de bouteilles d'eau vides ainsi que des sachets en plastiques et des canettes de bière. Dans le pavillon viande et volaille, ce qui retient beaucoup plus l'attention du visiteur, c'est cette singulière gestion qui fait qu'un boucher a comme voisin immédiat un cordonnier ou un serrurier. De plus, plusieurs boutiques demeurent inexploitées faute de commerçants locataires. C'est justement le même problème qui se pose au pavillon des fruits et légumes. Ici encore, des carreaux ne sont pas encore utilisés alors que des jeunes proposent des fruits et légumes à l'entrée du bazar, en venant du côté du lycée Ali Mellah. Dès l'entrée du bloc, les clients sont agressés par des odeurs que dégagent ces lieux fermés. «Le problème s'est aggravé depuis que l'accès qui donne sur le pavillon des bouchers a été muré», a affirmé une vieille dame. Dès l'entrée aussi, le désordre se découvre dans tous ces états. Un nombre incroyable de fils électriques se trouvent suspendu au-dessus des étals. On dirait une toile d'araignée. Et dire que l'APC a fermé le pavillon, durant trois mois, en 2006, pour des travaux de réaménagement.