Le marché Ali Mellah présente un cas typique dans le registre du commerce informel qui gangrène les rues, les trottoirs et les places publiques de la capitale. Ce lieu de commerce, appelé à juste titre le « bazar », est occupé par endroits, par des commerçants exerçant en toute illégalité. Une situation confirmée par un responsable de l'APC : « Que voulez-vous, ils travaillent sans aucune autorisation. » Cette situation a poussé même des Asiatiques à y installer des étals pour écouler essentiellement de la lingerie féminine, un commerce très rentable. « Le plus important marché de la capitale » se trouve dans un état des plus déplorables. « On dirait que ce n'est pas une surface commerciale, mais un bidonville », avait déclaré le président d'APC, M. Bourouina, à El Watan, le 15 avril 2003. Plus de deux ans après, le marché se trouve dans le même état, si ce n'est pire. Les couloirs faisant face aux pavillons des fruits et légumes et celui des volailles sont entièrement occupés par des vendeurs sans papier. Les boutiquiers, de leur côté, font dans l'extension illégale de leurs locaux. Leur logique : « Si je n'occupe pas les lieux, un autre le fera », commentent-ils. Commerce à la sauvette ou extension illégale, dans les deux cas c'est l'absence des autorités locales qui est bien visible. Le roseau et le plastique sont toujours de mise dans l'installation des « boutiques ». Les quelques commerçants interrogés ont refusé d'exposer leur situation administrative, encore moins la partie liée au loyer. Pourtant, une commission chargée de l'assainissement de la situation administrative des commerçants, créée en avril 2003, a achevé sa mission en janvier 2004. Elle a conclu que 62% des dossiers étudiés ne mentionnent aucune observation, tandis que 38% présentent une situation ambiguë, selon M. Bourouina (voir El Watan du 22 avril 2004). Le maire avait dénoncé, par la même occasion, « l'occupation illégale des voies de circulation par certains commerçants ». En effet, pour accéder ou circuler à l'intérieur du « bazar », il faut jouer des coudes afin de se frayer un passage tout en faisant très attention aux barres de fer qui dépassent les étals et aux voleurs qui y pullulent. La ferraille est implantée n'importe où et n'importe comment, l'essentiel étant d'étaler sa marchandise, d'occuper le maximum d'espace et de vendre. Au pavillon de la lingerie, situé un peu plus haut, les commerçants chôment. Les clients ne s'y aventurent que rarement. L'éclairage est défaillant par endroit et quelques boutiques ont baissé rideaux. L'autre grand problème demeure l'absence de contrôle quant au respect des normes commerciales et d'hygiène. Du moins, c'est ce que nous avons constaté, hier, lors d'une tournée. Au pavillon des volailles et des viandes, pas moins de 12 boutiques proposent de la viande hachée préparée à l'avance. Cette pratique, interdite, a été, maintes fois, décriée par, notamment, la direction de la concurrence et des prix (DCP) et le ministère du Commerce. Le poisson se vend dans les quatre coins du marché : aux entrées des pavillons des volailles et des fruits et légumes, à l'entrée du marché du côté de la rue Mellik Fatma- Zohra et à l'extrémité de cette rue du côté de la rue Belouizdad. Le nombre de vendeurs à la sauvette occupant les trottoirs de la rue Mellik ne cesse de prendre de l'ampleur. Il est à se demander ce que fait le bureau d'hygiène de la commune (BCH) et les services de sécurité dans ce sens. Projet de Réaménagement A la fin de l'année 2003, la commune de Sidi M'hamed, selon son président, a bénéficié d'une enveloppe financière de l'ordre de 2,6 milliards de dinars destinée au réaménagement du « bazar » Ali Mellah. Les réseaux d'assainissement et d'eau potable ont été réalisés. L'aménagement de l'intérieur des pavillons a buté sur le refus des commerçants qui avaient soupçonné l'APC de vouloir réduire la surface de leur boutique afin d'en créer d'autres et d'y installer leurs proches. Une partie du pavillon des fruits et légumes a rouvert ses portes en juillet dernier sans qu'il y ait de nouvelles boutiques, selon un commerçant. Hier, pas moins de 17 locaux sont restés fermés. Personne ne semble comprendre cette situation ambiguë. Toutes nos tentatives d'entrer en contact avec le vice-président chargé de l'urbanisme, Smaïl Mebarki, chargé du suivi du projet de réaménagement du marché, sont restées vaines.