Aujourd'hui et demain, les Egyptiens devront choisir entre Abdel Fattah al-Sissi et Hamdeen Sabbahi. Le premier est considéré comme le grand favori pour diriger le pays. Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l'armée, incarne pour une majorité d'Egyptiens l'homme capable de ramener la stabilité après les trois années de chaos et de crise économique qui ont suivi la révolte de 2011. La sécurité et la stabilité du plus peuplé des pays arabes, déserté par les touristes, à court de devises et dont l'inflation et le chômage grimpent, est d'ailleurs le principal souci des électeurs qui, selon les experts, voteront massivement pour le candidat de l'armée plutôt que pour son rival, Hamdeen Sabbahi, figure de la gauche égyptienne réticente à miser sur le tout-sécuritaire. Au dernier jour de la campagne électorale, Sissi a appelé ses compatriotes à voter massivement dans une interview à plusieurs chaînes de télévision. «Vous êtes descendus (dans la rue) le 30 juin, car l'Egypte était en danger», a-t-il dit en allusion aux millions de personnes qui avaient manifesté pour réclamer le départ de Mohamed Morsi, accusé d'accaparer le pouvoir au profit de sa seule confrérie des Frères musulmans. «Vous devez descendre maintenant plus qu'aucune autre fois dans l'histoire du pays» pour voter, a ajouté l'archi-favori du scrutin. Cette présidentielle sera suivie par des élections législatives censées clore la transition démocratique annoncée par M. Sissi le 3 juillet. Un sondage publié jeudi atteste qu'un peu plus d'un d'Egyptien sur deux approuvent l'action d'Abdel Fattah al-Sissi. Et selon une enquête réalisée en avril par le Pew Research Center, basé à Washington, 54% d'Egyptiens, issus d'un panel de 1000 personnes rencontrées en tête à tête, ont une image positive de l'ancien chef d'état-major, contre 45% qui n'adhèrent pas à son programme. «Les campagnes des deux candidats ont été très déséquilibrées», rapporte Sonia Dridi, correspondante de France 24 en Egypte. «Celle d'al-Sissi a été quasi inexistante. Il n'est pas apparu en public, pour des raisons de sécurité, selon son entourage, et s'est contenté de longues interviews à la télévision», raconte-t-elle. «Il se repose sur sa déjà très grande popularité : nombre d'Egyptiens le considèrent comme un héros parce qu'il a chassé du pouvoir les Frères musulmans. Quant à Sabahi, il a parcouru le pays en bus, se présentant comme le candidat de la Révolution», poursuit Sonia Dridi.