Lorsqu'une rixe éclate et que plusieurs délits sont perpétrés par différentes personnes en même temps, l'on a tendance à focaliser sur le crime le plus important et passer outre ceux jugés «mineurs». Ce qui peut, parfois, laisser des criminels en puissance en liberté. C'est le cas de cette affaire qui a mené le jeune homme qui comparaissait hier devant le tribunal de Chéraga. Pas en tant qu'accusé, mais en tant que victime d'agression et de coups et blessures à l'arme blanche. Du moins dans cette affaire, car le plaignant avait été jugé pour un meurtre qui s'était passé en même temps que l'agression dont il a été victime. Lorsqu'il entama la narration des faits, le jeune homme baissa la tête, rouge de honte et de confusion. Originaire d'un patelin de Biskra, le jeune homme est nouveau «débarqué» à Alger, et de ce fait n'était pas au fait des rouages de cette jungle qu'est la ville. Il fit la connaissance de deux autres jeunes hommes, qui l'invitèrent un soir à «boire un coup» avec eux. Il se retrouva dans un local vide et désaffecté, en compagnie des deux comparses, qui s'avérèrent être des personnes très dangereuses. L'un des deux éloigné, l'autre sortit un couteau et menaça la victime. Puis, il tenta d'abuser de lui sexuellement, le forçant à se déshabiller. Le second, en vérité, faisait le guet devant la porte «en attendant son tour». Ne se laissant pas faire, la victime empoigna son agresseur et le couteau, au final, vint se planter dans l'abdomen du violeur, qui succomba peu après à ses blessures. Le complice, en entendant les éclats de voix qui provenaient du local, se précipita, un couteau à la main. Constatant que son complice avait péri, il voulut le venger en faisant subir à la victime un véritable passage à tabac. Profitant d'une accalmie, l'agressé prit ses jambes à son cou, et s'enfuit dans la nuit noire, nu comme un ver. De là, il fila tout droit au premier barrage rencontré, et se présenta à la Gendarmerie nationale pour leur relater les faits. Incarcéré pour meurtre, il fut toutefois innocenté à l'issu d'un procès «des plus délicats», précisa son avocate. «N'étaient-ce son courage et sa force, il aurait été tué par ces pervers. Et les magistrats ne se sont pas trompés, en jugeant son acte comme de la légitime défense», poursuivit-elle. «Mais ce que nous ne comprenons pas, ce sont les raisons qui font que le deuxième assaillant n'est pas été écroué lui aussi. C'est un pervers, un criminel, il est dangereux et coupable, mais il est toujours en liberté», s'indigna-t-elle. «De plus, il n'a même pas daigné honorer la cour de sa présence», ironisa-t-elle, en demandant un dédommagement de 200.000 DA. Le procureur de la République requit quant à lui une peine de prison ferme de deux années, assortie d'une amende de 20 000 DA à l'encontre de l'absent.