Depuis 2004, le gouvernement espagnol a expulsé une centaine de supposés djihadistes de diverses nationalités pour motif de sécurité nationale. Cette date a marqué l´Espagne avec les tragiques attentats du 11 mars à la gare centrale d´Atocha (Madrid) : 192 passagers morts et 1852 blessés, parmi lesquels des musulmans, des mains d´un groupe terroriste marocain (GICM). Depuis, la fréquence des expulsions a été régulière avec une moyenne d´une douzaine par mois, selon un rapport de police. 4 expulsions seulement avaient été enregistrées en 2004. Le pic a été atteint avec 15 expulsions en 2013. Depuis le mois de janvier, ils étaient 14 à avoir été renvoyés dans leur pays d´origine, mais ce chiffre pourrait être facilement revu à la hausse d´ici la fin de l´année en cours. Deux détenus seulement ont été expulsés après avoir accompli leur peine de prison. Il s´agit du Marocain Rafa Zouheir, un indicateur des services secrets espagnols impliqué dans les attentats du 11 mars, et de l´Algérien Nouh Mediouni, 24 ans, qui a été incarcéré par le juge Pedraz sous l´inculpation d´apologie du terrorisme. Cet Algérien a été attendu par la police à sa sortie de prison, il y a quelques mois, pour être mis dans un avion en partance pour Alger. Toutes les autres expulsions ont été prononcées contre la plupart des éléments qui activaient en Espagne sous différentes formes pour le compte d´Al Qaïda. La plupart se livraient aux activités d´endoctrinement des recrues pour le «djihad» en Irak ou au Sahel et au financement des activités de terrorisme dans les pays du Maghreb, notamment en Algérie et au Maroc. La police n´a jamais pu prouver ces accusations par des faits, d´où leur remise en liberté après une période de détention de deux ans, conformément à la loi sur les activités de terrorisme. Elle les garde à l´œil jusqu´au moindre faux pas. Ce qui est souvent le cas. Cette politique d´expulsion au «goutte-à-goutte», rapide et en silence pour ne pas donner le temps aux avocats et aux organisations civiles de défense des immigrés de saisir la justice sur le respect strict des procédures, semble avoir été un succès. Aucune des personnes expulsées n´est retournée depuis le début de la chasse aux djihadistes qui a commencé il y a 10 ans sur le territoire espagnol, constate une «source sécuritaire» à Madrid. Cette efficacité, les responsables du ministère de l´Intérieur l´attribue aussi à la parfaire coopération qui existe dans le domaine de la lutte antiterroriste avec les services de sécurité des pays du Maghreb. La plupart des personnes expulsées sont des Marocains, des Algériens, mais également des Tunisiens, des Syriens et des Pakistanais qui vivaient en Espagne et mariés à des Espagnoles. Mais les plus dangereux sont les Marocains qui ont commis l´attentat du 11 mars 2004 à Madrid et qui font partie de ce qu´on appelle, ici, les «réseaux djihadistes dormants».