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D'après le juge antiterroriste Baltazar Garzon
Le Maroc compte une centaine de cellules terroristes
Publié dans El Watan le 13 - 03 - 2007

Pour le juge antiterroriste espagnol, Baltazar Garzon, qui témoignait l'été dernier devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de Madrid, le « Maroc est la pire menace terroriste pour l'Europe ».
Le Royaume chérifien compte, d'après ses conclusions, une centaine de cellules terroristes liées à Al Qaïda, et un nombre avoisinant les 1000 terroristes toujours recherchés par la police marocaine et susceptibles, prévient-il, de mener, partout, des opérations suicide. Dès 2001, note Maroc Hebdo International, une multitude de groupuscules djihadistes se sont sinistrement faits connaître, à l'image de Assirat Al Moustaqim (Le droit chemin), Al Amro bil Mâarouf wa Nnahyou ani Lmounkar (recommander le bien et empêcher le mal), et surtout les très sanguinaires Salafia Jihadia (Salafisme combattant) et Attakfir wal Hijra (excommunication et exil). Ces groupuscules seront rejoints en 2003 par le Groupe islamique combattant marocain (GICM), auteur des attentats de Madrid, le 11 mars 2004, qui ont fait 191 victimes et plus de 1400 blessés. Ce sont en effet ces attentats qui propulseront sur la scène internationale les groupes radicaux marocains. L'hebdomadaire situe l'apparition de ces derniers au début des années 90, avec le retour des combattants marocains en Afghanistan. Des villes comme Fès, Tanger, Salé ou Casablanca passeront sous la coupe de la Salafia Jihadia, du Attakfir wal Hijra, des Moujahidou Al Maghrib et Assirat Al Moustaqim. Des mouvements qui n'hésiteront pas à former des milices pour assurer « sécurité » et « ordre moral » sous l'œil impuissant des autorités, du moins jusqu'aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003 – dont la Salafia Jihadiya constitue le principal instigateur – qui pulvériseront l'idée de « l'islamiste marocain non violent » et pousseront les autorités marocaines à opérer de vastes coups de filet dans les milieux activistes et à décapiter les organisations de la Salafia et celles d'Attakfir. L'attentat d'hier, survenu dans un cybercafé situé dans le quartier Sidi Moumen, coïncide trois ans, jour pour jour, avec ceux ayant endeuillé la capitale espagnole en 2004. Et curieusement, les kamikazes de l'attentat de Casablanca étaient issus de ce même quartier. Si pour les autorités marocaines les comptes étaient presque épurés avec la Salafia Jihadia, du Attakfir wal Hijra, c'est loin d'être le cas avec le Groupe islamique des combattants marocains (GICM) qui a prêté allégeance à Al Qaïda. Fondé en 1997 par des anciens combattants marocains en Afghanistan, dont Sâad Houssaini et Hassan El Haski, ce mouvement reste, d'après la presse marocaine, très mystérieux. Sa grande cause demeure la création d'un Etat islamique au Maroc avec le concours technique, logistique, matériel et humain d'Al Qaïda. Ses adeptes, observe-t-on, se comptent par centaines, notamment parmi la diaspora marocaine à l'étranger. Sa dernière tentative d'attentat au Maroc remonte à la fin du mois de décembre 2005, lorsque plusieurs de ses membres, dont Mohamed R'ha et Khalid Azik, furent arrêtés. Ce groupe constitue aujourd'hui la principale source d'inquiétude pour les services de sécurité marocains . Dans une étude sur la misère et le djihad au Maroc, parue en novembre 2004 dans Le Monde diplomatique, Selma Belaala, chercheur à l'Institut d'études politiques de Paris, explique que la formation des groupuscules takfiristes marocains s'est effectuée en 1999, dans un climat de déliquescence de l'appareil policier, abandonnant les quartiers sensibles de la banlieue devenue le « terreau de recrutement et de reconversion des milices fondamentalistes ». La montée en puissance du bras armé du takfirisme, souligne-t-elle, correspond à l'explosion du nombre de Marocains « djihadistes » partis pour l'Afghanistan entre 1999 et 2001. Selon elle, ces Marocains « afghans » de la deuxième génération sont tournés vers les actions internationales, comme les attentats de Madrid, en mars 2004, tandis que les actions locales sont menées sous la houlette des groupes issus des bidonvilles… Estimant à l'époque que « seule la réunification des milices fondamentalistes des différentes villes en une organisation nationale pourrait constituer un risque au Maroc », serait-ce le cas maintenant avec l'avènement de la branche d'Al Qaïda au Maghreb ?

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