Nouad Mohamed Amokrane, expert en agriculture, a présenté hier lors de la journée d'étude sur " la contribution des industries agroalimentaires nationales à la sécurité alimentaire du pays " une communication sur l'état des lieux du secteur des industries agroalimentaires. Nous l'avons approché pour connaître son avis sur l'évolution de cette filière. Le Temps d'Algérie : Quel état des lieux dressez-vous du secteur algérien des industries agroalimentaires ? Nouad Mohamed Amokrane : Le secteur de l'Industrie agroalimentaire pèse aujourd'hui 30% du PIB. Il emploie un nombre considérable de personnes. Sur le plan socioéconomique, c'est une filière qui occupe désormais une place appréciable dans l'économie algérienne. Dans le portefeuille du ministère de l'Industrie, il représente 54%. Malheureusement, ce secteur est extraverti. Les matières premières sont totalement importées. Cela m'amène à dire qu'il n'y a pas de forte plus-value en Algérie. Ce sont beaucoup plus des conditionneurs et transformateurs, parfois de troisième degré, qui interviennent dans cette branche. D'où l'organisation aujourd'hui d'une journée d'étude sur cette filière et sa contribution à la sécurité alimentaire du pays. Nous constatons aussi qu'il n'existe pas de relations directes entre le secteur de l'industrie et celui de l'agriculture. Comment expliquez-vous cette situation ? Les deux secteurs sont intimement liés. Le problème qui se pose, c'est le manque de technologie et de marché structuré. Nous sommes pratiquement à un stade archaïque, et ce, au moment où le secteur de l'agroalimentaire enregistre un développement important dans le monde. Aujourd'hui, les produits alimentaires sont à 35% industriels et seulement à 5% agricoles. Le reste est pris en charge par d'autres secteurs, tels que les services. Le marché a évolué de manière extraordinaire grâce à la technologie. Justement, comment doit-on faire pour atteindre ce niveau ? Il faut acquérir la technologie et les équipements. C'est indispensable. Il y a également le savoir-faire en la matière à maitriser. Il faut introduire le management pour créer des blocs, c'est-à-dire des technopoles réunissant les opérateurs dans un environnement sain et propice au développement. C'est d'ailleurs l'objectif de ces journées qui consistent à entamer les actions et dépasser l'aspect théorique. Concrètement, quelles sont les mesures nécessaires pour développer l'industrie agroalimentaire ? L'outil à développer sera celui des ressources humaines. Il faut développer l'idée de technopôles qui regroupent les principaux intervenants afin de parler demain de valeur ajoutée. Il faut aussi inciter les acteurs à investir dans des créneaux stratégiques pour assurer la sécurité alimentaire du pays. Nous avons beaucoup de potentialités, notamment dans le domaine de production des fruits et légumes, jusqu'à développer des exportations. Globalement, il est impératif de mettre en place un environnement de concertation favorisant aussi bien le secteur industriel que celui de l'agriculture. Propos recueillis