En dehors de quelques généralités dont on pensait qu'elles étaient évidentes depuis longtemps, on ne sait pas vraiment quelles mesures le gouvernement a prises pour ramener une paix durable dans la vallée du M'zab ravagée par un conflit récurrent et souvent plongée dans la pire violence. Emblématique de ce manque de lisibilité dans ce que pensent faire les pouvoirs publics pour mettre fin à cette guéguerre, l'opinion aura retenu dans ce redéploiement post-électoral la… permutation de deux walis, celui de Ghardaïa et celui de Tamanrasset qui ont échangé leurs postes. Cela a fait sourire plus d'un, bien évidemment, D'abord parce que le procédé est connu de tous et depuis longtemps. Même si on ne sait pas dans quelles proportions et dans quelles termes la responsabilité de l'ancien wali de Ghardaïa, M. Mahmoud Djemaâ, est engagée, on est censé du moins comprendre de manière implicite que sur la résurgence du conflit, comme dans sa gestion, il ne devait pas être au-dessus de tout reproche. Tout comme on est censé en déduire que l'ancien wali de Tamanrasset, appelé manifestement comme on appelle un pompier à présider aux destinées de Ghardaïa, ait quelques compétences particulières ou jouisse de quelque autorité morale qui puisse aider à apaiser les esprits et pourquoi pas envisager un avenir plus serein dans la région. Le problème est que les choses semblent beaucoup plus compliquées que cela et il ne doit pas y avoir grand-monde pour croire qu'un nouveau wali peut être une panacée à un conflit si grave. Et que cette nomination soit la mesure la plus «spectaculaire» renforce malheureusement le scepticisme général plus que ne rassure. Pas plus que le fait que le Premier ministre ait tenu sa promesse de directeur de campagne de «retourner à Ghardaïa». Il a certes déplacé en la circonstance un véritable état-major de crise avec le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Justice et le commandant de la IVe Région militaire, mais on ne sait toujours pas grand-chose des mesures pérennes qui peuvent installer la pentapole du M'zab dans la «coexistence pacifique». Et quand il dit : «Nous n'accepterons pas que quiconque compromette le sort du pays et nous appliquerons les lois de la République dans leur rigueur et la justice jouera son rôle pleinement, conformément à la loi», il fait encore sourire. Ou encore : «Les services de sécurité continueront d'accomplir leur mission pour faire régner sécurité et quiétude à Ghardaïa, et le gouvernement ne reculera pas lorsqu'il s'agit de faire appliquer la loi…», et enfin : «L'Etat algérien n'accepte pas que l'avenir du pays soit compromis». Décidément… on pensait que c'était autant d'évidences, nous apprenons que ce n'est pas le cas. Et nous sommes appelés à comprendre que tout ça ne soit pas fait avant. [email protected]