En 90 minutes, et une performance somptueuse avec le Mexique face au Brésil, le gardien Guillermo Ochoa est passé de l'anonymat de l'AC Ajaccio, son club pendant les 3 dernières saisons dans les bas fonds de la Ligue 1, à la gloire en mondovision. Aux innocents les mains pleines. A chacun de ses arrêts, Guillermo Ochoa, 28 ans, qui fêtait sa 59e sélection depuis décembre 2005, a opposé la même tranquillité, le même flegme. Il signe un arrêt de légende sur une tête de Neymar ? Ochoa rajuste son bandeau et replace ses manches, prêt à défier le prochain Brésilien, sous les yeux du monde entier. Il repousse sur sa ligne une tête renversante de Thiago Silva ? Il se relève, impassible. "C'est le match de ma vie", a déclaré le portier mexicain après le match. Ochoa (1,85 m) a peut-être peaufiné cette tranquille sérénité dans les buts de l'AC Ajaccio. C'est là, que devant des tribunes souvent vides, il a signé des exploits parfois retentissants, mais réservés à un cercle plus restreint. Car Ochoa est vite devenu la véritable coqueluche d'Ajaccio et l'une des attractions de la Ligue 1. Au point que les observateurs s'interrogeaient très régulièrement sur les raisons de sa venue dans l'Ile de Beauté. L'arrivée de "Memo" durant l'été 2011 -- en provenance du Club America, basé à Mexico -- dans les rangs de la modeste équipe, tout juste promue en Ligue 1, de surcroît dotée du plus petit budget de l'élite, avait surpris. Le gardien de la sélection mexicaine, véritable star dans son pays, souhaitait, comme bon nombre de ses compatriotes, tenter sa chance en Europe. "A Ajaccio, j'ai trouvé les conditions idéales pour m'exprimer. C'est le seul club qui m'ait tendu la main suite à l'affaire de dopage dont j'étais accusé. Forcément, cela créé des liens et ne s'oublie pas", explique le joueur. Son arrivée sur l'île avait pourtant été retardée, en raison d'une longue attente du document de la Fédération mexicaine attestant de son blanchiment. A la suite d'un contrôle positif en mai 2011 au clenbutérol (anabolisant) avec quatre coéquipiers de la sélection, il avait en effet été exclu en juin de la même année de la Gold Cup. Avant d'être blanchi. Toujours pas de club Cette affaire a finalement servi les intérêts du club corse, alors que des Européens aux moyens financiers bien supérieurs s'étaient renseignés sur lui, de Manchester United au Paris SG.Le gardien s'est rapidement hissé dans le top cinq des meilleurs portiers de la Ligue 1. Ses parades réflexes sur sa ligne ont découragé bien des attaquants. "Memo" Ochoa a, en outre, apporté sa contribution lors des deux premières saisons de l'AC Ajaccio. Au club, comme dans la ville, le Mexicain est devenu une icône. Une accolade par-ci, une poignée de mains par-là. A chaque intersaison, Ochoa était sur les tablettes de clubs de L1 (Toulouse, Marseille) et même de Liga; mais d'un commun accord avec les dirigeants, il a choisi de rester en Corse, jusqu'à son départ acté en mai dernier. L'AC Ajaccio venait officiellement d'être relégué en Ligue 2, au bout d'une saison catastrophique. La belle aventure s'est achevée, mais Ochoa n'a toujours pas trouvé de destination. Il a bien fait car sa performance de Fortaleza devrait attiser les appétits des plus grands clubs. En tout cas, il fera taire ses détracteurs. Parmi lesquels il y eut Antonio Carbajal, ancien gardien mexicain des années 50 et 60, qui après la première sélection d'Ochoa avait lancé: "Il se prend trop de buts sur des tirs lointains. Sur les centres, il peine trop souvent dans ses sorties. Je commence à me demander s'il n'a pas des problèmes de vue et de concentration". Ochoa a depuis beaucoup progressé !