Du haut de ses 66 ans, Hadj Kouider, est parmi les doyens des supporters algériens "fidèles" de l'équipe nationale de football, n'hésitant pas à parcourir le monde pour la soutenir lors de ses différentes sorties. Ce natif de Frenda (Tiaret), de forte corpulence et père de quatre enfants, a commencé son aventure au soutien des Verts en 1982, à l'occasion du Mondial espagnol, lorsque l'Algérie de Belloumi, Madjer, Assad et autres Fergani et Zidane avait battu l'ogre allemand (2-1), avant d'être éliminée au premier tour suite à la supercherie austro-allemande à Gijon. Habillé à longueur de journée en vert, rouge et blanc, Hadj Kouider -- Aâmi Abdelkader pour les intimes -- ne parle que de l'équipe nationale, son seul sujet de discussion avec les supporters, journalistes et responsables de Mobilis, l'opérateur national de téléphonie mobile avec qui il a fait le voyage au Brésil pour soutenir les hommes de Vahid Halilhodzic, en quête d'une qualification historique au 2e tour d'une coupe du Monde. "Mon amour pour cette équipe est né en 1982. Depuis, je ne cesse de l'accompagner à travers le monde, laissant derrière moi mes quatre enfants à la maison. En 2011, tout le monde fêtait l'Aïd alors que moi, j'étais en Tanzanie à l'occasion de la première sortie officielle sous l'ère Halilhodzic", raconte à l'APS, Hadj Kouider qui semble convaincu de son "bon" choix. Egypte, Angola, Rwanda, Bénin, Tanzanie, Afrique du Sud, Espagne, Brésil…les villes sillonnées par cet irréductible d'El-Khadra (sa "drogue", avoue-t-il) ne se comptent plus et son passeport est plein de cachets des polices des aéroports. Sur son téléphone portable, il se vante devant tout le monde en exhibant ses photos avec le roi Pelé, l'Argentin Diego Armando Maradona et la "Panthère noire" Eusebio, l'ancienne gloire du football portugais décédée dernièrement. Foot et.... histoire de l'Algérie En bon éducateur, Aâmi Abdelkader, cheveux grisonnants et barbe de trois jours, ne cesse de prodiguer des conseils aux jeunes supporters qui sont à leur première sortie à l'étranger : "Les places sont numérotées dans le stade, il ne faut pas s'asseoir n'importe où", "Les fumigènes sont interdits" ou encore "Ne répondez pas aux provocations des supporters des autres équipes", leur lance-t-il. Outre ses talents d'ex-footballeur (il dit avoir côtoyé plusieurs anciens joueurs comme le regretté Djamel Keddou), "El-Hadj" profite aussi de cette occasion de coupe du Monde pour raconter un peu d'histoire, celle de l'Algérie, aux jeunes supporters : de Juba II à l'Emir Abdelkader en passant par la Guerre de libération nationale, rien ne lui échappe. "L'Algérie a une grande histoire", lance-t-il fièrement dans le bus transportant les supporters lors de leurs différents déplacements. Le jour du match et en plus de ses habits habituels de l'équipe nationale, il accroche derrière sa casquette verte frappée de l'emblème algérien, le drapeau du Brésil, le pays organisateur dont les supporters soutiennent avec ferveur les coéquipiers de Sofiane Feghouli. Dans les tribunes du stade Mineirao de Belo Horizonte, où l'Algérie a disputé et perdu son premier match du Mondial-2014 contre la Belgique (2-1), il ne tient pas en place face au non-match des Verts, mais trouve des explications à chaque fois : "Le soleil leur tape dans les yeux", "Il y avait faute sur Feghouli lors du 2e but belge", "Le jeu de l'adversaire est très physique". A l'issue de la rencontre, il avait la mine d'un chien abattu, ne pipant mot sur cette défaite alors qu'il s'attendait à une victoire notamment après l'ouverture du score par Feghouli, lui qui, avec son optimisme béat, avait tablé sur trois succès au premier tour ! La déception passée, Hadj Kouider reprend confiance en son équipe, promettant un sursaut d'orgueil des Algériens dès dimanche prochain, à l'occasion de leur deuxième sortie contre la Corée du Sud à Porto Alegre. Bon match Aâmi Abdelkader!