Sans mépriser les Iraniens, Bosnie-Herzegovine et Nigeria, qui ont leur destin entre leurs mains, s'affrontent samedi à 18h locales (00h00 dimanche) pour ce qui est sans doute le match pour la deuxième place du groupe F derrière l'Argentine. C'est aussi le match des entraîneurs entre deux anciens du championnat de France: Safet Susic, le magicien du Parc des Princes (PSG1982-1991), et le solide défenseur héros de la Meinau Stephen Keshi (Strasbourg 1991-1993). Sur le plan comptable, le Nigeria compte un petit point, après son nul contre l'Iran (0-0). Mais ce qui a sans doute été le plus mauvais match du Mondial pourrait lui coûter cher: il lui faut désormais s'imposer face à la Bosnie, qui prendra, elle, certainement les trois points contre les Iraniens. A l'inverse, même à 0 point, la Bosnie a bien engagé son Mondial en ne concédant qu'une courte défaite contre le géant argentin (2-1), avec, en plus du plan comptable (différence de buts de -1), une confiance supplémentaire. "Ce n'était pas un match clé. On pouvait se permettre de le perdre mais pas par une grande différence de buts. C'est ce qu'on a fait. J'espère que l'Argentine gagnera ses deux autres matches, comme ça on décidera entre nous Iran, Nigeria et Bosnie, qui mérite d'être second", a souligné le Bosnien Susic, après la rencontre. L'ancien maître à jouer du PSG qui avait placé Ibisevic sur le banc contre l'Argentine pour essayer de muscler le milieu de terrain et ralentir Messi, ne devrait pas prendre cette précaution contre les Nigérians, et préférer un jeu plus offensif. Avec la paire Dzeko-Ibisevic devant et Planic et Misimovic juste derrière, les Bosniens ont les moyens de faire mal. "Les garçons sont forts dans leur tête, je n'aurai pas de mal à les remotiver", a-t-il précisé. L'ancien N.10 du PSG, qui a disputé des grands tournois avec la Yougoslavie en tant que joueur, est respecté comme un ancien génie ballon au pied. Si ses résultats comme entraîneur de club n'ont pas forcément été probants, avec notamment plusieurs clubs turcs, il a su trouver une nouvelle dimension avec l'équipe nationale qu'il a conduite à la qualification pour le premier Mondial de son histoire, avec un jeu ambitieux. Keshi meneur d'hommes Très critiqué après le nul contre l'Iran, Stephen Keshi, qui a reconnu que ses joueurs s'étaient montré anxieux et avaient fini par se frustrer contre l'Iran, devra remotiver ses troupes, mais il n'écarte pas l'idée de créer la surprise y compris contre l'Argentine: "On a vu ce qu'il s'était passé avec le Costa Rica (qui a battu l'Uruguay) ou les Pays-Bas (vainqueurs de l'Espagne). C'est le football, on ne peut rien prévoir. Parce que nous n'avons pas gagné, les gens vont penser qu'on a mal joué, mais je ne pense pas que ce soit le cas, je pense qu'il ne nous a manqué que les buts". Keshi, 52 ans, a eu une carrière beaucoup moins flamboyante que son aîné bosnien, passant par de nombreux clubs au Nigeria, en Belgique, aux Etats-Unis et même en Malaisie. Mais ce meneur d'hommes a laissé un souvenir inoubliable aux supporteurs de Strasbourg, qui des années après racontent son but décisif d'une frappe de 30 mètres contre Rennes en barrage pour l'accession en 1re division (4-1 1991). A la fin de sa carrière, il a un peu mélangé les genres, à la fois agent puis entraîneur, mais il a su s'imposer comme sélectionneur de son pays, qu'il a conduit à la victoire à la CAN-2013, 19 ans après y avoir triomphé comme joueur. Lui aussi a donc l'expérience des tournois internationaux, et il sait que, dans ce groupe considéré comme un des plus faibles du Mondial, il a une carte à jouer. Sans doute remaniera-t-il un peu son équipe, trop timorée contre l'Iran. Odemwingie et Ameobi, qui n'étaient pas titulaires, pourraient en profiter.