La Bosnie compte sur des individualités de grand talent pour franchir la phase de groupes au Mondial-2014 au Brésil, où cette jeune nation participera à sa première grande compétition internationale. "Nous devons avoir un objectif et cet objectif est d'essayer de passer au deuxième tour, de se qualifier pour les huitièmes de finale", a lancé le sélectionneur Safet Susic début mai. "Dans notre groupe (F), l'Argentine est la favorite absolue. Nous allons disputer la deuxième place avec le Nigeria et l'Iran (...) mais je pense que j'ai tout le droit d'espérer de nous retrouver parmi les seize meilleures équipes au Brésil", ajoute Susic, ancienne star du Paris SG dans les années 1980. Avec ses "artilleurs" Edin Dzeko (Manchester City) et Vedad Ibisevic (Stuttgart), 2e et 3e meilleurs buteurs des qualifications dans la zone Europe (10 et 8 buts respectivement), avecMiralem Pjanic, son artiste du milieu qui vient de prolonger jusqu'en 2018 son contrat avec l'AS Rome, la Bosnie peut se vanter de compter quelques vedettes dans ses rangs. Mais, est-elle vraiment capable de créer la surprise ? Malgré son optimisme, Susic reconnaît quelques faiblesses. "Nous ne savons pas quelle est réellement notre force. Nous n'avons battu jusqu'à présent aucune grande équipe", a-t-il admis après la qualification pour le Mondial. Grande occasion historique' Les défaites les plus douloureuses contre les "grands" ont été concédées contre le Portugal qui, à deux reprises, lors de matchs de barrages, a empêché la Bosnie, pays indépendant depuis 1992, de se qualifier pour le Mondial-2010 et l'Euro-2012. "Il faut pratiquement pouvoir aligner deux équipes pour un Mondial, disposer de 22 ou 23 joueurs de qualité. En ce moment, nous n'avons pas encore ça", admet Susic, qui a pris les rênes de la sélection en décembre 2009. En 40 rencontres que la sélection a disputées depuis, Susic a enregistré 19 victoires, 7 matches nuls et 14 défaites. Dans ce pays ethniquement divisé entre ses communautés serbe, croate et musulmane, le football national a pendant des années souffert de cette situation politique. "Ciro (Miroslav Blazevic, entraîneur de 2008 à 2009, ndlr) avait commencé et Susic a continué à composer une équipe où le choix est déterminé par la qualité du jeu et non par l'appartenance ethnique", estime Ivica Osim. Ce dernier, une légende du football yougoslave, avait été nommé en 2011 par la Fifa et l'UEFA à la tête d'un "comité de normalisation" pour mettre de l'ordre au sein de la Fédération bosnienne de football, déchirée par des différends intercommunautaires, à l'image du pays. Esprit railleur, mais dont l'avis est très respecté dans le pays, Osim a récemment ironisé sur les "vedettes" de la sélection. Histoire de tempérer l'optimisme ambiant. "Ceux qui se considèrent eux mêmes comme joueurs de haut niveau ne le sont pas. L'un est trop lent, l'autre a besoin de trois camarades pour lui +calmer+ le ballon. Nous n'avons pas un gars rapide qui soit capable de percer les rangs de l'adversaire pour le secouer", a-t-il dit dans une interview au quotidien Dnevni Avaz. Auprès des amateurs de football en Bosnie, la première qualification retentit toutefois comme un énorme exploit. "Nous y avons cru pendant des années, comme des enfants, raconte Sabahudin Topalbecirevic, un réputé commentateur local. Il s'agit du meilleur moment pour ce pays et d'une grande occasion historique, après tant d'échecs dans les qualifications".