L'opération de logements Fonal, lancée récemment par l'Etat au profit des citoyens des régions montagneuses, n'a pas eu le résultat escompté sur le terrain. Initiée dans le but d'encourager le retour des habitants dans leurs villages et douars d'origine pour travailler les terres laissées en jachère durant la décennie noire, la formule ne suscite pas l'engouement espéré. Des entraves, essentiellement des contraintes administratives, rebutent les postulants. C'est le cas de plusieurs localités montagneuses de la wilaya de Béjaïa. En effet, des centaines de citoyens qui ont postulé pour un logement Fonal, qui consiste en l'octroi d'une aide de l'Etat allant jusqu'à 50 millions de centimes, ont été surpris de voir leurs dossiers rejetés par les services de la daïra, pour des raisons plus au moins inexplicables, à savoir qu'il s'agit de «non-résidents». Cette réponse les a poussés à afficher leur colère surtout qu'ils disposent de terrains et d'actes de propriété. Interrogés, certains d'entre eux n'ont pas hésité à tirer à boulets rouges sur l'administration. «Nous n'arrivons pas à comprendre comment est appliquée cette formule ? Certes, nous habitons actuellement à Béjaïa-ville, mais nous sommes originaires de la commune où nous nous déplaçons souvent pour travailler nos terres», nous a expliqué un groupe de citoyens victimes de ce qu'ils considèrent comme un «abus de pouvoir». «Lorsque nous avons déposé nos dossiers pour bénéficier d'un logement Fonal, il nous a été signifié par les services de la daïra que nous n'avons pas le droit, car nous sommes des non-résidents», ont ajouté nos interlocuteurs qui avouent ne pas saisir comment sont traités les dossiers, sachant que la formule Fonal est destinée aux citoyens qui disposent de terrain et d'actes de propriété. Cela est à leur avis contradictoire avec la volonté de l'Etat de développer économiquement les zones montagneuses. «On encourage plutôt les gens à fuir leur terres à travers ces contraintes bureaucratiques», nous a déclaré un cadre supérieur de l'Etat actuellement à la retraite qui a postulé pour ce type de logement. D'autres citoyens nécessiteux n'ont pas caché leur ras-le-bol face à cette situation. «C'est inadmissible que l'on agisse ainsi pour priver un citoyen pauvre d'un petit logement de 50 millions de centimes», nous ont dit des citoyens rencontrés au siège de l'APC. Du côté des autorités communales, on affirme que la priorité va aux citoyens résidants.