Avant même le coup de sifflet final de l'arbitre colombien scellant la victoire des Fennecs, toutes les grandes places et les carrefours de la ville des genêts se voyaient submergés par un nombre impressionnant de citoyens, de tous les âges, à pied ou en voiture, drapeaux et écharpes à la main et s'égosillant fièrement à la gloire du pays et de nos «guerriers du désert». La place de l'Hôtel de ville, où étaient diffusées des séquences du match suivies de clips non-stop, s'est vue être le point de convergence de tous les Tizi-Ouzéens qui ne voulaient en aucun cas rater le spectacle hors du commun dont les acteurs n'étaient autres que les citoyens lambda qui ont imprégné les lieux par de beaux décors, agrémentés de feux d'artifice et de fumigènes qui ont coloré comme jamais le ciel toute la nuit. Et pour ceux sortis défiler en voiture, venus de toutes les villes et villages de la wilaya et même des wilayas environnantes, il ne fallait pas se faire piéger dans ces énormes bouchons à l'entrée de toutes les places et à proximité des grands carrefours de la ville. Même les piétons jouaient des coudes pour avancer à un rythme de tortue tout en admirant le spectacle fourni par ces jeunes et moins jeunes, femmes et enfants qui égayaient comme jamais la ville. Une septuagénaire, entourée de ses enfants et petits-enfants, drapeau sur les épaules, n'arrêtait pas de pousser des youyous. Elle fera juste une petite pause de quelques secondes pour nous dire : «Que Dieu prolonge notre joie. Que Dieu garde notre pays et qu'il fasse triompher notre peuple !». Sa fille, qui ne lâchait pas son enfant de la main craignant qu'il ne s'égare au milieu de la foule, dira toute sa fierté d'être algérienne. «Je suis heureuse, ce soir, et surtout fière. Nos couleurs et notre drapeau ont fait le tour du monde. Je suis d'autant plus fière de cette hargne dont ont fait preuve les nôtres lors de ce match historique. Désormais, le monde sait de quoi nous sommes capables quand il s'agit de notre pays, de notre drapeau. Que Dieu nous préserve du mauvais œil !». Pour les femmes qui n'ont pas pu sortir, c'est par les fenêtres qu'elles poussaient des youyous pour exprimer leur joie. Toutes fières de cet exploit des jeunes footballeurs. Plus à l'écart, dans une rue proche de la place du musée, un restaurateur qui servait des glaces, tout content de voir défiler tout ce monde, déclarait : «Pourvu que ça dure… non seulement nous sommes heureux et fiers de la prestation des verts, mais de plus, tout le monde en profite, la soirée n'est pas encore finie et déjà que ma recette a dépassé du double celle des soirées ordinaires», ajoutant avec une pointe d'humour : «Nous voulons aller jusqu'en finale !» Sur le trottoir d'en face, nous avons été interpellés par la présence, à l'écart, d'un vieil homme tenant difficilement debout grâce à sa canne, mais un sourire radieux sur le visage. En le sollicitant pour une brève impression, il s'en est donné à cœur joie : «Je n'ai pas pu rester cloîtré chez moi, mes enfants ont essayé de m'en dissuader, mais je ne pouvais rater des moments pareils, semblables à ceux du jour de l'indépendance. Déjà, dès la mi-temps, en entendant les klaxons qui fusaient, j'avais la chair de poule. Si j'avais plus de force, je serais au milieu de ces jeunes qui dansent et qui chantent». Il est à noter tout de même que quelques accidents se sont produits sur les routes, comme ce cycliste qui s'est vu renversé par un automobiliste, mais heureusement sans gravité. La fête s'est poursuivie jusqu'à l'aube et Tizi aura vécu, grâce aux Fennecs, une soirée inoubliable.