Hier, le 25 juin, une date mémorable dans l'histoire de l'Algérie. Un jour lors duquel 22 hommes s'étaient réunis en cette année de 1954 pour décider du sort d'un peuple sous le joug colonial français en prônant la lutte armée comme seule alternative pour l'indépendance du pays. En ces moments où les regards sont braqués sur le Mondial de football du Brésil où l'équipe nationale jouera gros ce jeudi, peu nombreux sont ceux qui se seraient rappelé cette date, oh ! combien importante. Néanmoins, et comme à son habitude, le quotidien El Moudjahid, toujours aux rendez-vous, n'a pas laissé passer l'occasion d'évoquer cet évènement pour lui donner toute son importance. Ainsi et en guise d'hommage, le journal a consacré son forum d'hier à cette date en invitant le moudjahid Mustapha Zerkaoui et le journaliste et écrivain sur l'histoire contemporaine de l'Algérie, Mohamed Abass, pour commémorer cette réunion qui avait duré toute une journée dans la villa de Lyes Derouiche à El Madania. D'emblée, M. Zerkaoui devait dire : «Le groupe historique des 22 a planifié le déclenchement de la guerre de Libération qui demeure l'un des grands protagonistes dont les noms restent gravés dans l'histoire et dans la mémoire nationale». Il a qualifié ce conclave de «moteur» qui avait permis de passer à la lutte armée sur fond de dangers et autres difficultés générées par des situations complexes marquées notamment par des divisions entre les courants politiques nationaux, à savoir les centralistes et les messalistes. «Au lendemain de la réunion du Parti du peuple algérien (PPA), il a été décidé que parallèlement à un parti politique, il faudrait une aide paramilitaire pour choisir et déterminer les membres qui pourront mener la guerre de Libération nationale, et qui étaient connus par Didouche Mourad, Boudiaf et Larbi Ben M'hidi», a expliqué M. Zerkaoui. Les anciens de l'Organisation Secrète furent «le noyau des cinq coordinateurs de cette réunion, à savoir Mohamed Boudiaf, Didouche Mourad, Larbi Ben M'hidi, Mustapha Benboulaïd et Rabah Bitat. «Les militants furent contactés parallèlement à la préparation matérielle, pendant que Mustapha Ben Boulaïd et Didouche Mourad prenaient en charge les frais de la réunion», précise M. Zerkaoui. La réunion fut présidée par Mustapha Ben Boulaïd. Toutes les régions du pays étaient représentées, à l'exception de la Kabylie. «Les travaux ont duré une seule journée au cours de laquelle un aperçu historique fut donné sur l'Organisation Secrète, la position ambiguë de la direction du MTLD vis-à-vis de la tyrannie colonialiste, les actions des membres de l'Organisation Secrète», a souligné pour sa part M. Abass. La crise du mouvement fut ensuite exposée ainsi que la position du CRUA à l'égard de cette crise. La situation du Maghreb fut également abordée. Le point essentiel de la réunion était la lutte armée malgré le vif conflit entre extrémistes et attentistes. Au cours de cette réunion, l'intervention de Souidani Boudjemaa fut décisive. En effet, «il a réussi à convaincre les hésitants au principe du déclenchement de la Révolution armée», témoigne Zerkaoui avec émotion. Il a rappelé également que les présents avaient procédé à l'élection d'un bureau connu sous le nom de Comité des Cinq puis des Six, après le ralliement de Krim Belkacem. Les membres de la délégation extérieure qui avaient préparé la révolution dès le début furent intégrés au groupe. Il s'agit d'Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider. L'organisation et les préparatifs pour la Révolution étaient les principaux points d'action. Le déclenchement de la lutte armée fut un succès par l'effet de surprise et le nombre d'actions engagées à travers le territoire national, ce qui a fini par renforcer la mobilisation populaire pour obtenir l'indépendance, ont souligné les conférenciers. Il est à rappeler que sur les 22 acteurs de cette réunion, cinq seulement sont encore en vie, il s'agit de Othmane Belouizdad, Zoubir Bouadjadj, Mohamed Mechati, Abdelkader Lamoudi d'Alger et Abdelkader Lamoudi de Annaba.