La volonté et l'amour de la patrie sont les "véritables secrets" du succès de la Révolution" a déclaré à l'APS le moudjahid Abdelkader Lamoudi, membre du groupe historique des 22. Les membres de ce groupe avaient fait tout ce "qui était en leur pouvoir" pour garantir les conditions adéquates au déclenchement de la lutte armée mus en cela par la conviction que "seule la solution armée" pouvait libérer le peuple algérien du joug colonial, a-t-il souligné. Bravant les dangers et autres difficultés générées par des "situations complexes" marquées notamment par des divisions entre les courants politiques nationaux, les 22 optèrent pour la création du Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA) avant de décider du déclenchement de la lutte armée. "Nous ne soutenions aucune partie car notre principale préoccupation était l'avenir de l'Algérie", a indiqué M. Lamoudi. Il a rappelé dans ce contexte que le groupe des 22 avait tenté de contacter les acteurs politiques de l'époque dont Messali El Hadj. Mustapha Benboulaid s'était déplacé en compagnie de Belkacem El Beydhaoui dans la banlieue parisienne pour y rencontrer Messali El Hadj dans le but de le convaincre d'adhérer à leur décision mais ce dernier a "rejeté cette idée", a-t-il précisé. Les 22, considérés comme les "architectes de la révolution" étaient des jeunes inconnus à l'intérieur et à l'extérieur du pays, car ils activaient dans la clandestinité et avaient foi en l'option armée, une "responsabilité majeure" avec des retombées certaines sur le peuple algérien. "la volonté qui nous animait et notre souci de placer l'Algérie au dessus de toute considération ont permis le succès de notre révolution" a-t-il ajouté. Lors d'une réunion tenue en juin 1954, les membres du groupe avaient examinés plusieurs points dont la rédaction de la proclamation de la lutte armée et la date de son déclenchement, en préservant l'effet de surprise a souligné M. Lamoudi. Il a été en outre convenu la constitution d'un petit noyau de cinq personnes chargé des derniers préparatifs et d'interdire aux 22 de se rencontrer pendant au moins deux mois. Chaque membre devait activer seul jusqu'à la deuxième réunion d'évaluation qui n'a pu se tenir que deux années plus tard dans la région de la Soummam a-t-il ajouté. Les membres du groupe appartenaient à l'organisation spéciale (OS) et étaient liés par des "relations solides jamais rompues", excluant ainsi "tout différend entre eux" a-t-il soutenu. Ils ont du cependant faire face à des "difficultés" nées des entraves politiques développés par des partis qui "étaient au préalable contre le déclenchement de la lutte armée avant de rejoindre la Révolution" a-t-il encore indiqué. Le moudjahid Abdelkader Lamoudi est un des cinq membres encore en vie de ce groupe (Belouizdad Othmane, Zoubir Bouadjadj, Ammar Ben Ouda et Mohamed Mechati).