Après 1986 et 1990, l'Allemagne et l'Argentine se retrouvent en finale pour la troisième fois, un record pour la compétition. Retour sur un duel qui a fait l'histoire de ce sport. Ce n'était pas la finale la plus attendue, mais l'affiche n'est pas une surprise. Le Maracana de Rio de Janeiro accueillera aujourd'hui la septième confrontation en 20 éditions entre l'Allemagne et l'Argentine, un record. Ce «classique» du Mondial oppose deux nations au sommet du football depuis la toute première édition, en 1930, où l'Argentine était déjà finaliste. Au-delà des chiffres, Allemagne-Argentine est une affaire d'émotion qui traverse l'histoire de ce sport, en trois périodes. 1958-1966 : les prémices La première rencontre entre l'Allemagne de l'Ouest et l'Argentine a lieu en 1958 à Malmö en Suède. Il s'agit du match d'ouverture entre le tenant du titre, l'Allemagne de l'Ouest sacrée en 1954, et l'Argentine, qui n'a plus participé à une phase finale depuis 1934. L'Allemagne s'impose 3-1 et lance sans le savoir la plus grande rivalité footballistique de l'histoire. Huit ans plus tard, lors du Mondial anglais, les deux pays se croisent en phase de poule (0-0) avant que les Allemands chutent en finale contre l'Angleterre, tombeuse de l'Argentine en quarts. 1986-1990 : duel au sommet Lorsque les deux nations se retrouvent au Mexique, les choses ont bien changé. Vierge de tout succès 20 ans avant, l'Argentine joue cette fois sa deuxième finale en huit ans après avoir remporté la compétition en 1978 chez elle. Face à la bande de Diego Maradona se dresse la RFA de Lothar Matthäus, titrée en 1974 et finaliste malheureuse en 1982. La finale tient toute ses promesses et offre un match à suspense. L'Argentine, qui a survolé la compétition dans le sillage de son meneur, s'impose 3-2 en fin de match et rejoint l'Allemagne au palmarès avec deux trophées. Au-dessus de la mêlée, les deux équipes se retrouvent en 1990 en finale d'un Mondial italien ennuyeux. La Nationalmannschaft, qui n'est pas encore réunifiée, veut sa revanche face à des sud-américains moins dominateurs, mais toujours aussi solides. Comme deux équipes en fin de cycle, le match se résume à un duel lent et physique, très pauvre en spectacle. L'Allemagne s'impose grâce à un penalty d'Andreas Brehme à cinq minutes de la fin, Maradona ne gagnera plus. Une victoire sans briller résumée par Gary Lineker, un international anglais éliminé par les Allemands en demi-finale : «Le football est un sport inventé par les Anglais qui se joue à onze contre onze, durant 90 minutes et à la fin ce sont toujours les Allemands qui gagnent.» 2006-2010 : la domination allemande La Coupe du monde en Allemagne marque le retour des deux formations dans les hautes sphères du football mondial. Si l'Argentine est favorite, l'épouvantail allemand, devant son public, rêve d'un quatrième titre après une finale perdue en 2002. Dans ce qui se présente comme une finale avant l'heure, le duel est spectaculaire. Au bout du suspense, la Mannschaft accroche la qualification lors de la séance de penalty devant le jeune Lionel Messi, 19 ans, qui depuis le banc assiste impuissant à l'élimination des siens. Le rendez-vous est pris pour 2010. Hasard du tirage, l'armada albiceleste, dirigé par le héros national Diego Maradona, retrouve une équipe allemande rajeunie et séduisante en quarts de finale du mondial sud-africain. Si Lionel Messi est devenu en 4 ans le meilleur joueur du monde, il ne peut empêcher le naufrage des siens, une nouvelle fois stoppés prématurément par un bloc allemand impressionnant. Les Müller, Özil, Klose ou encore Schweinsteiger qui surpassent leur adversaire ce jour-là (4-0) forment encore l'ossature de l'équipe présente au Brésil. Messi n'a pas oublié Cette débâcle, vécue comme un traumatisme par les Argentins à l'image de Messi, en pleurs sur le terrain au coup de sifflet final, a provoqué une rupture dans la sélection. Rajeunie, recentrée autour de son homme providentiel, l'équipe qui se présente en finale aujourd'hui ressemble beaucoup à celle titrée au Mexique en 1986. Solide défensivement et comptant sur les exploits de son numéro dix. La conséquence, une ultra-dépendance à son meneur (Messi est impliqué dans 7 des 8 buts argentins au Brésil) mais une défense qui n'a pris aucun but sur les trois derniers matchs. Côté allemand, à la force collective démontrée depuis quatre ans s'ajoutent l'expérience et la rage de vaincre d'une équipe qui a toujours atteint le dernier carré sur les huit dernières années, Euro et Mondial compris, sans jamais s'imposer. Une génération dorée qui semble avoir enfin trouvé la stabilité suffisante pour aller au bout, en témoigne le tour de force en demi-finale contre le Brésil avec une victoire inédite à ce niveau, 7-1. Ce soir, les Argentins disputeront leur cinquième finale, les Allemands la huitième. En 19 campagnes, ils totalisent cinq titres à eux deux, alors que le sixième leur tend les bras. Si les deux formations se connaissent par cœur, difficile de donner un favori. Les stats à retenir L'Argentine va disputer sa 5e finale de Coupe du monde. Elle a remporté 2 des 4 finales qu'elle a disputées jusque-là (en 1978 et 1986). L'Allemagne est invaincue lors de ses 17 derniers matches (12 victoires, 5 nuls), plus longue série en cours parmi les participants à la Coupe du monde. L'Allemagne est invaincue en Coupe du monde face à une nation sud-américaine depuis sa défaite en finale de 2002 face au Brésil (0-2), affichant entre-temps un bilan de 7 victoires et 2 nuls. L'Argentine n'a perdu qu'un seul de ses 17 derniers matches de Coupe du monde contre… l'Allemagne en quart de finale en 2010 (0-4). L'Argentine n'a perdu qu'une seule de ses 10 dernières confrontations face à des nations européennes en Coupe du monde (5 succès, 4 nuls), c'était en quart de finale de l'édition 2010 contre… l'Allemagne (0-4). L'Allemagne a ouvert le score lors de chacun de ses 6 matches de Coupe du monde 2014, aucune équipe ne peut en dire autant. L'Argentine n'a jamais été menée depuis le début de la Coupe du monde. C'est la seule équipe dans ce cas. Les 3 dernières finales de Coupe du monde n'ont jamais vu plus de 2 buts marqués. Il faut remonter à France-Brésil (3-0) pour en voir une à plus de 2 buts. L'Allemagne a marqué 17 buts lors de cette Coupe du monde, du jamais vu depuis les 18 buts du Brésil en 2002. Il fallait remonter à 1970 pour voir la Nationalmannschaft en inscrire autant lors d'une édition (17 également). L'Allemagne compte désormais 223 buts en Coupe du monde, meilleur total de la compétition et 2 buts de plus que le Brésil (221). Miroslav Klose a marqué 16 buts, plus que n'importe quel autre joueur dans l'histoire de la Coupe du monde. Il compte 3 buts contre l'Argentine dans le tournoi (1 en 2006, 2 en 2010), soit sa proie préférée avec l'Arabie saoudite. Thomas Müller a marqué 10 buts en 12 matches de Coupe du monde. Il compte également 6 passes décisives. Il avait marqué lors de Allemagne- Argentine (4-0) en quarts de finale de la Coupe du monde 2010 après seulement 3 minutes, soit le but le plus rapide de l'édition sud-africaine. Thomas Müller est le 3e joueur de l'histoire à marquer au moins 5 buts lors de Coupes du monde différentes après Teofilo Cubillas et Miroslav Klose. Müller est le cinquième joueur allemand à atteindre la barre des 10 buts en Coupe du monde (Miroslav Klose 15 buts, Gerd Müller 14, Jürgen Klinsmann 11, Helmut Rahn 10). Depuis le match contre la France en quarts de finale, Toni Kroos est impliqué ans 4 des 8 buts de l'Allemagne (2 réalisations, 2 passes décisives). Manuel Neuer a arrêté 86% des tirs cadrés qu'il a subis en Coupe du monde depuis 2010, meilleur ratio chez les gardiens comptant minimum 6 matches. André Schürrle est le remplaçant le plus prolifique de la Coupe du Mmonde 2014. Il a inscrit 3 buts, tous après être entré en jeu. Joachim Löw a gagné 76.9% de ses matches en Coupe du monde (10 sur 13), soit le meilleur ratio parmi les sélectionneurs ayant dirigé plus de 10 matches dans l'histoire de la compétition. Lionel Messi va disputer sa 1re finale de Coupe du monde. L'Argentin n'a toujours pas marqué (hors séance de tirs au but) dans un match à élimination directe dans la compétition. Il n'a pas marqué un seul but lors de ses 2 confrontations face à Manuel Neuer (avec l'Argentine contre l'Allemagne en quart de finale de la Coupe du monde 2010 et Barcelone contre le Bayern Munich en demi-finale de la Ligue des Champions 2013), s'inclinant à chaque fois sur le score de 0-4.