Lionel Messi face au rempart Manuel Neuer, la défense argentine à l'épreuve du duo Müller-Klose ou l'affrontement entre les deux meilleurs milieux de ce Mondial, Tony Kroos et Javier Mascherano: la finale Argentine-Allemagne, dimanche, ne manquera pas de piments dans tous les secteurs. Le mur Neuer contre le génie de Messi Le gardien de 28 ans, qui relevait pourtant de blessure (épaule) à l'orée du Mondial, est en état de grâce. De sorties au pied en dehors de sa surface en arrêts réflexes sur sa ligne, il a multiplié les performances de haut vol, notamment dans les tours à élimination directe. "Manu" (51 sélections) était sorti grand vainqueur de son précédent duel avec "Leo" en Ligue des champions 2013, lorsque le Bayern avait écrasé le FC Barcelone en demi-finales (4-0, 3-0). Il a résisté à Cristiano Ronaldoau premier tour (Portugal, 4-0) et à Benzema en quart (France, 1-0). Mais à l'image de son prestigieux prédécesseur Oliver Kahn devant Ronaldo en finale du Mondial-2002, où le "Titan" avait été élu meilleur joueur du tournoi, craquera-t-il lors de l'ultime rendez-vous? Il aura en face de lui un Lionel Messi sorti soulagé de la demi-finale face aux Pays-Bas, conclue aux tirs au but (0-0 a.p., 4-2 t.a.b), mais quelque peu frustré par son incapacité à se dépêtrer du marquage oranje. La "Pulga", auteur de 4 buts au 1er tour mais muet depuis, a-t-elle gardé le meilleur pour la fin? La star du Barça aura en tout cas une source de motivation toute trouvée puisqu'en cas de succès, Messi dépassera largement en terme de palmarès l'idole absolue du peuple argentin, Diego Maradona. Et s'il venait à sortir des actions d'éclat comme il en a l'habitude, il prendrait une option certaine sur un 5e Ballon d'Or et une place définitive dans la légende du football. Kroos/Mascherano, la loi du milieu Le monde du football le connaissait déjà, le monde tout court a appris à le connaître lors du "Mineirazo" (7-1 en demi-finale contre le Brésil), où il a signé sa quatrième passe décisive du tournoi (meilleur total ex-aequo avec le Colombien Cuadrado) et ses deux premiers buts. Une belle manière de fêter sa 50e sélection (7 buts). Le Bavarois de 24 ans, préféré à Özil pour occuper le poste de meneur de jeu axial, ce qui n'est pas anodin, dicte par ses passes soyeuses le tempo de l'entrejeu, avec calme et précision, à la manière d'un Xavi, en ayant le duo Khedira-Schweinsteiger en soutien. "Il a fait de très bonnes performances à la Coupe du monde, il a beaucoup progressé dans l'agressivité, il récupère beaucoup de ballons, a jugé jeudi le sélectionneur-adjoint, Hansi Flick. En plus de ses qualités techniques, il est très sûr avec le ballon". Il n'y a qu'en neutralisant Kroos que l'Argentine peut espérer enrayer la machine allemande. A 30 ans, Javier Mascherano est depuis longtemps une référence à son poste et sa performance exceptionnelle en demi-finale a encore accentué son aura. "El Jefecito" a certes abandonné le brassard de capitaine à Messi mais c'est bien lui le taulier sur le terrain, permettant à l'astre du Barça de briller de mille feux. Coéquipiers en Catalogne, les deux joueurs n'ont pas grand chose en commun mais ils partagent le leadership technique et moral de l'Albiceleste. Si Messi est inégalable dans le jeu, Mascherano est "le symbole, l'emblème" de l'équipe nationale, comme l'a expliqué le sélectionneur Alejandro Sabella. Diego Maradona est encore plus explicite: pour lui "l'Argentine, c'est Mascherano plus dix autres joueurs". Müller-Klose, attention danger Si Joachim Löw décide de reconduire le même onze qu'en quart et en demie, les deux attaquants seront de nouveau associés, Klose en pointe, Müller sur une aile. Le premier, à 36 ans, vient de s'emparer seul du record de buts en Coupes du monde (16) mais vise surtout le titre suprême après avoir collectionné les accessits (notamment la finale perdue du Mondial-2002 dont il est l'unique rescapé). Evidemment plus lent qu'auparavant, moins vif, Klose (136 sélections, 71 buts) a gardé son sens du but en vieux renard, comme en témoignent ses deux réalisations de près (égalisation à 2-2 contre le Ghana et but du 2-0 contre le Brésil). Müller pourrait bien à l'avenir détrôner son aîné dans le classement historique des buteurs, fort de son total de 10 buts en Coupes du monde (5 en 2010, autant en 2014), à 24 ans seulement. Efficace en "faux 9", le Bavarois (55 sélections, 22 buts) est aussi très utile sur un côté par sa capacité à déborder, son altruisme et sa générosité dans l'effort. Méfiance donc pour la défense argentine, articulée autour du duo Demichelis-Garay et qui n'a plus encaissé de but depuis trois matches. L'intronisation de Demichelis, âgé de 33 ans, a pu surprendre après des premières rencontres marquées par une grosse fébrilité derrière et des prestations inquiétantes de Fernandez, cloué désormais sur le banc. Mais sans être spectaculaire, le joueur de Manchester City amène de la solidité et un peu de vice aux côtés d'un Garay qui, lui aussi, ne fait pas dans la dentelle. Reste à savoir s'ils maîtriseront la puissance et la vitesse de Müller comme ils ont su résister face à la vitesse d'Arjen Robben en demi-finale.