Mairie de Tizi Ouzou Le calvaire aux guichets de l'état civil L'APC de Tizi Ouzou n'a-t-elle pas les moyens humains et matériels pour mettre fin à la situation d'anarchie qui règne au rez-de-chaussée de la mairie, où sont concentrés les guichets de l'état civil ? Personne n'a voulu répondre à cette question, car tout le monde s'en lave les mains. L'image que renvoient les lieux, tous les jours, est pitoyable et indigne d'une commune du rang de chef-lieu de wilaya. Le calvaire est tellement insupportable que beaucoup de citoyens préfèrent abandonner que de subir les affres d'une attente qui peut durer… une journée. Le problème de ce service n'est pas récent. Il remonte à une vingtaine d'années lorsque les premiers édiles communaux, issus des élections pluralistes de 1990, ont cru bien faire en concentrant tous les guichets de l'état civil dans une superficie d'à peine 200 m2. Le nombre d'habitants à l'époque dépassait à peine les 70 000 âmes. Depuis, la population a presque doublé, et les lieux sont restés les mêmes avec une demande en documents administratifs courants (extraits de naissance, certificats de résidence, etc.) qui a carrément explosé. Depuis 2001, c'est l'anarchie sur tous les plans : afflux de citoyens, désorganisation totale du service, disputes et, cerise sur le gâteau, des erreurs d'écriture sur les documents officiels. Même l'ouverture d'antennes administratives dans les villages de Redjaouna, Thala Athmane et Hasnaoua, entres autres, où dans les quartiers populeux comme la Nouvelle-Ville, n'a pas réglé le problème. Les élus qui se sont succédé à la mairie depuis plus de 15 ans ont passé plus de temps à se chamailler pour des questions de prérogatives et d'incompréhensions politiques que de régler les deux «casseroles» que traîne la commune : l'état civil et le ramassage des ordures ménagères. Passe-droits et documents illisibles Il était question pourtant d'informatiser le service, il y a 10 ans, mais le matériel acheté pour l'occasion, au plus fort, a pris une autre destination. Aujourd'hui, pour un simple extrait de naissance, «il faut se lever tôt et prendre son mal en patience», comme l'a souligné un citoyen qui a abandonné la queue qui n'avançait pas rapidement à ses yeux. Sans omettre le nombre incalculable d'agents de sécurité qui ont érigé le passe-droit en règle de fonctionnement au nez et à la barbe des responsables, les «bras forts» qui entrent de force dans les bureaux afin de se faire délivrer des documents ou encore les bousculades devant des guichets transformés en bunkers par des agents qui font fi de toute notion de service public. Pourtant, la situation avait commencé à se dégrader de manière dangereuse, il y a deux ans, lorsque des fonctionnaires indélicats ont été surpris en flagrant délit de faux et usage de faux et de destruction de documents officiels : un couple avait été surpris en possession d'un livret de famille dont le cachet de la mairie de Tizi Ouzou n'était pas celui du service qui délivre ce genre de document, c'est-à-dire l'état civil. L'enquête a permis de remonter la filière et de découvrir la boîte à Pandore : registres raturés, feuilles déchirées et… dates de naissance illisibles. Depuis, l'affaire n'a pas poussé les responsables à revoir le fonctionnement de ce service sensible. Pis encore, il ne cesse de se dégrader.