Les autorités ont interdit vendredi des manifestations de soutien aux Palestiniens, prévues ce week-end à Paris et à Sarcelles (Val-d'Oise), suscitant la colère d'organisateurs qui ont décidé de saisir la justice pour obtenir gain de cause. D'autres manifestations sont prévues vendredi et samedi dans plusieurs grandes villes françaises, alors qu'Israël intensifie son offensive sur Gaza avec un assaut terrestre qui a coûté la vie à 24 Palestiniens en moins de 24 heures. Comme elle l'avait laissé entendre depuis plusieurs jours, la préfecture de police de Paris, faisant valoir "le contexte de tension accrue", a interdit la manifestation propalestinienne prévue samedi dans la capitale, après les heurts survenus dimanche dernier devant deux synagogues parisiennes en marge d'une manifestation pro-Gaza. Elle a aussi invoqué "des risques graves de trouble à l'ordre public", à l'instar de François Hollande qui, depuis le Niger où il est en déplacement, a également mis en garde contre une "importation du conflit en France". La manifestation était prévue entre Barbès et la place de l'Opéra à partir de samedi 15H00. Un autre défilé de soutien aux Palestiniens, prévu dimanche devant la gare de Garges-Sarcelles (Val-d'Oise), et un rassemblement pro-israélien organisé simultanément au même endroit par la Ligue de défense juive (LDJ), ont aussi été interdits. Les organisateurs de la manifestation parisienne ont immédiatement annoncé qu'ils allaient introduire un référé liberté (recours en urgence) devant la justice administrative, dans l'espoir de pouvoir maintenir la manifestation. Une audience devait se tenir vendredi à 18H30 devant le tribunal administratif de Paris. Lors d'une conférence de presse, ils ont dénoncé une décision "qui s'oppose à une liberté fondamentale", selon leur avocat Hosni Maati, et qui risque selon eux de provoquer des troubles. "Je suis scandalisé, c'est une décision politique extrêmement grave de la part d'un gouvernement qui a une attitude raciste et qui devra en payer le prix politique", a réagi Youssef Boussoumah du parti des Indigènes de la République. Nombreux cortèges en province Le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), "indigné" par cette interdiction, "exige" des autorités qu'elles "reviennent sur cette décision". "Si tel n'était pas le cas", prévient le parti, "nous appellerions tout de même, avec les forces politiques, syndicales et associatives attachées au respect des droits démocratiques et révoltées par les crimes commis à Gaza, à se rassembler pour protester publiquement". La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a elle aussi déploré l'interdiction du rassemblement parisien, qui constitue selon elle "une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle et un déni de la réalité". "Il ne sert à rien de tenter d'étouffer le sentiment de révolte que provoque l'intervention militaire israélienne contre la population de Gaza", a-t-elle estimé. Que la manifestation parisienne soit autorisée ou non, ses organisateurs s'attendent à ce que "des centaines ou des milliers de personnes affluent vers Barbès" samedi. D'autres manifestations devaient être organisées pendant le week-end, dès vendredi soir à Nice, Lille ou Libourne (Gironde), puis samedi à Lille (16H00), Nantes (15H00), Lyon (15H00), Saint-Etienne (14H30), Marseille (15H00), Montpellier (15H00). Vendredi matin le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'était prononcé pour l'interdiction de la manifestation à Paris, jugeant "intolérables" les "actes violents" du week-end dernier. "La République n'est pas compatible avec la haine (...) avec la xénophobie. L'antisémitisme ne peut pas parler une seconde fois parce qu'on sait ce à quoi il a abouti", a-t-il dit sur Europe 1. Dimanche dernier, des incidents avaient éclaté devant deux synagogues, dont l'une située rue de la Roquette près de la Bastille, à la fin d'une manifestation propalestinienne ayant rassemblé 7.000 personnes selon la police, 30.000 selon les organisateurs.