Les causes réelles de l'accident de l'avion de la compagnie espagnole Swiftair affrété par Air Algérie, qui s'est crashé jeudi matin à Gossi, près de Gao (Mali) faisant 116 morts, "ne seront connues qu'une fois l'enquête devant en établir les circonstances achevée", a affirmé le ministre des Transports, Amar Ghoul. Le ministre des Transports, arrivé vendredi à Bamako et qui doit se rendre dimanche sur les lieux du drame à la tête d'une délégation algérienne, a précisé que ''seuls les résultats de l'enquête sont à même de déterminer les causes du crash de l'avion, qui assurait la liaison entre Ouagadougou et Alger avec à son bord 116 passagers de 15 nationalités''. Dès l'annonce de la perte de l'appareil, jeudi dans la matinée, plusieurs scénarios ont été évoqués par des experts et spécialistes en aéronautique. Une situation qui a, en fait, été ravivée par les crash de deux autres appareils durant la même semaine, celui de TransAsia Airways à Taïwan et de la Malaisya Airlines en Ukraine. L'hypothèse la plus répandue et largement commentée par les médias est celle des mauvaises conditions météorologiques ayant prévalu durant le vol AH 5017. Air Algérie avait indiqué que l'avion avait décollé de Ouagadougou à 01h17 GMT et devait arriver à Alger à 05h11 GMT (6h11 heure locale). "Un dernier contact radar a eu lieu à 01h55 GMT en survolant la région de Gao" (Mali). Le pilote avait demandé à changer de cap en raison de mauvaises conditions météo. Retrouvé vendredi près du village de Mossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la plus grande ville du nord du Mali, l'appareil était pratiquement désintégré. Il n'y avait aucun survivant. ''Il ne faut pas anticiper les choses" sur les raisons de cet accident, a expliqué M. Ghoul vendredi en conférence de presse, juste avant son départ pour Bamako d'où il doit se rendre sur les lieux du crash, puis Ouagadougou pour suivre l'enquête. Un peu plus précis, il a ajouté que ''toutes les données liées à cet accident font aujourd'hui l'objet d'analyses par les parties concernées et seront soumises à la commission d'enquête, conformément au droit international en vigueur en de telles circonstances". Une des deux boites noires de l'appareil, un Mcdonnel Douglas 83, a été retrouvée. "La boite noire retrouvée sera envoyée à l'Association internationale du transport aérien (IATA)", a indiqué M. Ghoul ajoutant que l'Algérie "recourra à tous les moyens pour coordonner avec les parties et pays concernés". Tous les avions disposent de deux boites noires, mais en fait de couleur orange ou rouge pour faciliter les recherches en cas d'accident. Le premier type de ces boites noires sont des enregistreurs phoniques (CVR, Cockpit Voice Recorder), qui enregistrent les conversations dans le poste de pilotage, et les enregistreurs de paramètres (FDR, Flight Data Recorder) dont le rôle est l'enregistrement des données de vol. En cas d'accident d'avion, les enquêteurs cherchent en priorité ces deux boites noires qui, si elles ne sont pas abîmées, peuvent expliquer les raisons d'un crash ou la perte d'un avion. Aucune hypothèse ne peut être écartée "Aucune hypothèse ne peut être écartée pour ce genre d'accidents", a par ailleurs averti M. Ghoul, pour qui "la commission d'enquête est seule habilitée à déterminer les causes exactes (de cet accident) et à présenter les résultats officiels". Le droit international stipule qu'en de telles circonstances, "la responsabilité de l'enquête incombe au pays où l'accident est survenu", avait-il rappelé. Le Mali, donc, "travaillera en collaboration avec les instances et pays concernés, dont l'Algérie qui ne ménagera aucun effort (de coordination) pour faire aboutir l'enquête et examiner la question du rapatriement des corps", avait précisé le ministre. Sur place, le ministre des Transports devrait procéder au rapatriement des corps des victimes algériennes de ce crash. M. Amar Ghoul, rappelle-t-on, est arrivé vendredi à Bamako pour une évaluation de la situation et mettre au point la coordination entre toutes les parties concernées par ce dossier, notamment les parties maliennes et burkinabé. M. Ghoul, envoyé spécial du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, auprès des autorités maliennes et burkinabé, rencontrera les hautes autorités du Burkina Faso et du Mali et se rendra dimanche sur le lieu du crash. "L'enquête et les mesures de rapatriement des corps ne sont pas chose aisée, d'autant que l'aéroport de Gao est fermé", avait ajouté le ministre. Air Algérie avait annoncé que 116 personnes, dont 6 Algériens, étaient à bord de l'appareil, qui assurait la liaison Ouagadougou-Alger, dont 6 membres d'équipage de nationalité espagnole. Les autres passagers sont des Français (50), Burkinabés (24), Libanais (8), Espagnols (6), Canadiens (5), Allemands (4), Luxembourgeois (2), Malien (1), Belge (1), Nigérien (1), Camerounais (1), Egyptien (1), Ukrainien (1), Roumain (1), Suisse (1) et 3 nationalités en cours de recherche. L'Association internationale du transport aérien (Iata) a indiqué vendredi qu'elle allait "tout mettre en œuvre" pour améliorer la sécurité aérienne, après une semaine noire au cours de laquelle trois crashs d'avions ont fait plus de 460 morts. "Après trois tragédies sur une si courte période, beaucoup de gens vont bien entendu poser des questions sur la sécurité aérienne", a écrit le directeur de l'IATA, Tony Tyler, dans un communiqué. "Le plus grand respect que nous puissions accorder à la mémoire de ceux qui sont touchés consiste à tout mettre en œuvre dans la recherche des causes, et à faire en sorte que cela ne se reproduise pas". L'Iata représente 240 compagnies aériennes à travers le monde, dont Air Algérie, soit 84% du trafic aérien total.